Causette

Aurélie Saada (43 ans)

AUTRICE-COMPOSITRI­CE-INTERPRÈTE, EX-CHANTEUSE DU GROUPE BRIGITTE. SON PREMIER FILM, ROSE, EST SORTI AU CINÉMA EN DÉCEMBRE 2021

- T. T.

Aurélie

« Ma mère a toujours porté sur ma soeur et moi un regard d’amour inconditio­nnel. Nous n’avons jamais douté de celui-ci, elle ne s’est jamais moquée de nos rêves ou de nos initiative­s même quand nous étions toutes petites, au contraire, elle nous faisait confiance. Je crois que ça nous a donné une force particuliè­re, celle d’oser. Chez nous la parole était libre, les enfants avaient leur place dans le débat et nous pouvions l’écouter parler de rapports humains, de vie et de deuil avec ses amis. Ma mère, que je trouve si belle, nous a aussi transmis la complexité du féminin : ses paradoxes et sa richesse. Et la psychanaly­se, son métier, et que je pratique depuis mes 20 ans, est peutêtre le plus beau cadeau qu’elle m’ait fait. Grâce à ce sésame, j’ai pu aller à la rencontre de mon propre désir, devenir celle que j’étais, écrire et surtout comprendre qu’il est toujours possible dans la vie de transforme­r nos peines et nos déboires et d’en faire quelque chose, une force, un récit ou pourquoi pas des chansons. Quand on a été aimé comme ça, on n’a peur de presque rien ou peut-être juste de trahir ce regard-là. Ce regard renforce le sentiment de responsabi­lité. D’ailleurs, adolescent­e, je n’ai jamais transgress­é. Je pense que j’ai été mature assez tôt.

Elle a tellement assuré car mon père, qui a quitté le foyer, était très inconstant. Quand j’étais toute petite, il m’est arrivé un drame. J’ai été abusée sexuelleme­nt par un petit garçon dans la cour de l’école à de très nombreuses reprises. Et il m’a été impossible d’en parler à ma mère parce que je ne voulais pas lui faire de mal. Il y a eu des périodes où elle a souffert en tant que femme et n’a pas pu me protéger. Aujourd’hui, je le comprends de manière différente. Une mère n’est pas qu’une mère et ne peut protéger ses enfants de tout.

J’ai mis très longtemps avant d’avoir Shalom après des années de fausses

Betty

« J’ai eu une mère très sévère, qui m’a tout interdit, et ça m’a fait énormément souffrir. J’ai beaucoup transgress­é. Je n’avais pas envie de contrarier mes filles. Alors, j’ai laissé ouvert les choses et j’avais confiance en leur parole. J’ai toujours accueilli les amis de mes enfants chez moi. On en a hébergé plein quand ils étaient en galère. Les parents savaient qu’ils étaient chez nous.

Je trouve que, désormais, on sépare beaucoup les génération­s. Nous, jamais. On se soutient et on est toujours là l’une pour l’autre. Je me souviens de cette période où j’ai passé un an chez Aurélie comme d’une période géniale. Il y a eu des moments épiques entre mes consultati­ons et les petites. J’ai appelé quelques amies pour m’aider, car j’ai un réseau d’amies formidable. Il y a eu énormément d’entraide entre nous. Les copines d’Aurélie venaient beaucoup aussi. C’était un grand gynécée. Elles ont aussi vécu toutes les trois chez moi pendant deux mois et demi. Les filles ont toujours leur chambre avec leurs peluches et leurs affaires d’enfant.

Aurélie me surprend tous les jours par sa créativité, sa force et son enthousias­me. C’est très important de transmettr­e aux enfants le sens de leur propre responsabi­lité. Que rien n’est immuable et figé, qu’on peut toujours faire quelque chose et être créateur de sa propre vie. »

“C’est très important de transmettr­e aux enfants le sens de leur propre responsabi­lité”

Betty Saada

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Au premier plan : Scarlett et Aurélie. Derrière : Betty et Shalom.

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