Causette

LA PROMESSE DE L’AUBE

- Ariane Allard

On est parfois trop sérieux quand on a 18 ans. Précisémen­t, c’est l’âge de Marion, jeune fille tourmentée qui refuse de participer à la fête d’anniversai­re que sa mère veut donner en l’honneur de sa soeur Alice, décédée il y a cinq ans. Alors elle s’enfuit et s’enfonce, désespérée, dans la nuit tiède d’un été parisien, errant d’une rue à une autre telle une ombre fantomatiq­ue. Plus seule que jamais lorsqu’elle se laisse happer par une fête improvisée… Avant qu’elle ne croise Alex, un garçon libre, spontané, avec lequel elle va traverser la ville jusqu’à l’aube…

S’inscrivant à la fois dans un sillon classique (unités de lieu et de temps) et dans la lignée de la Nouvelle Vague (histoire simple, tournage en extérieur, déambulati­on existentie­lle), Ma nuit séduit d’abord par sa grâce flâneuse et la fraîcheur de ses interprète­s (Lou Lampros et Tom Mercier, l’un et l’autre magnétique­s). Ne pas se fier aux apparences ! Certes, ce premier film signé Antoinette Boulat, directrice de casting chevronnée, joue la carte du tact et du frémisseme­nt, mais c’est pour mieux sonder, mine de rien, le paradoxe d’un deuil vécu par une héroïne à peine sortie de l’enfance. In fine, il restitue avec une juste gravité le sentiment de solitude provoqué par ce grand chagrin indicible, mais encore cette obligation épuisante d’avoir à donner le change en permanence. De fait, aux yeux de tous et de toutes, la jeunesse ne peut être associée qu’à la promesse du jour, certaineme­nt pas à une nuit qui semble ne jamais finir… ●

Ma nuit, d’Antoinette Boulat. Sortie le 9 mars.

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Lou Lampros (à gauche), magnétique dans Ma nuit.

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