UN PASSÉ HAUT EN COULEUR
Lire Naphtaline, c’est un peu comme ouvrir une malle de souvenirs. Survient rapidement ce frémissement d’être sur le point de se laisser aspirer par le passé et ses histoires à tiroirs multiples. Avec ses 336 pages, l’album de l’autrice argentine Sole Otero porte presque physiquement cette promesse de grande fresque familiale. Promesse tenue, mais pas en couleur sépia, contrairement à ce que son titre pouvait suggérer. C’est à grand renfort d’àplats de couleurs éclatantes que Sole Otero raconte l’histoire de Vilma, immigrée qui a fui l’Italie fasciste avec sa famille pour arriver dans l’Argentine des années 1920. Un récit que l’on découvre depuis le Buenos Aires de 2001 par l’intermédiaire de sa petite-fille Rocio, qui s’installe dans son appartement juste après son décès. Otero compose un album au style chromatique délicat, élégant ballet entre passé et présent, où l’oppression (patriarcale, sociale, religieuse) qui enserrait Vilma dialogue avec l’élan vital de liberté qui étreint Rocio. ●
Naphtaline, de Sole Otero, traduit de l’espagnol (Argentine) par Éloïse de la Maison. Éd. Ça et là, 336 pages, 25 euros.