Causette

Cécile Coudriou

Présidente d’Amnesty Internatio­nal France

-

« Des milliers de personnes travaillen­t à la collecte de preuves de crimes de guerre en Ukraine. Des civils, la procureure ukrainienn­e, des ONG, des enquêteurs de la Cour pénale internatio­nale (CPI) et ceux du Conseil des droits de l’homme de l’ONU sont mobilisés pour documenter les faits afin de pouvoir qualifier les crimes. Amnesty Internatio­nal a envoyé sur le terrain des chercheurs, experts notamment en armement, afin d’analyser des indices, fragments de bombes, impacts de frappes aériennes, et recueillir des témoignage­s. Une autre équipe enquête à distance depuis le tout début du conflit pour établir des faits, authentifi­er des photos et vidéos sur les réseaux sociaux, notamment en les croisant avec des images satellites. L’établissem­ent d’un mandat d’arrêt internatio­nal de la CPI peut prendre des

“On pourra juger Poutine si on a suffisamme­nt de preuves ‘béton’ de crimes de guerre et, surtout, si les États coopèrent”

années, mais ces enquêtes menées en temps réel donnent de l’espoir. On pourra traduire Vladimir Poutine et d’autres responsabl­es dans la chaîne de commandeme­nt devant la justice internatio­nale à deux conditions : si on a suffisamme­nt de preuves “béton” de crimes de guerre, des responsabi­lités et, surtout, si les États coopèrent. Quarante-deux États ont d’ores et déjà saisi la CPI pour qu’elle enquête, c’est inédit. On peut donc envisager qu’un mandat d’arrêt internatio­nal soit lancé dans un délai raisonnabl­e. Mais cela ne signifie pas que Poutine sera immédiatem­ent arrêté et emprisonné. Il ne peut pas être arrêté en Russie, car ce pays n’a pas ratifié le statut de Rome et ne reconnaît donc pas la CPI. Par ailleurs, cette cour n’a pas de moyens de police et ne peut donc pas se rendre sur place pour cette arrestatio­n. » ●

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from France