ÉCHAPPÉE BELLE
Des films iraniens qui se déroulent dans une voiture, ultime espace de liberté, on en a déjà vu. Beaucoup. Celui-là, pourtant, se démarque par sa fraîcheur, son humour, sa beauté. Mieux encore, le premier long-métrage de Panah Panahi (fils de Jafar Panahi, l’un des réalisateurs les plus talentueux de son pays) donne à voir un voyage inédit. Inouï !
Il faut dire qu’emprunter le ton de la comédie pour raconter une fuite – voire un exil douloureux – est assez inattendu au vu du contexte politique en Iran. De fait, Hit the Road suit avec un vrai sens du burlesque les tribulations d’une famille en route vers une destination secrète. La mère rit de tout au volant, le plus jeune fils, un garçonnet volubile, ne cesse de chanter et de jouer avec son chien, tandis que le père, empêché par une jambe plâtrée, vanne à tout bout de champ sur la banquette arrière. Seul le fils aîné, âgé d’à peine 20 ans, reste silencieux. Un mutisme qui n’empêche en rien le récit d’avancer, de respirer, de vibrer…
D’abord parce que cet humour tendre, taquin, surprend et charme tout le long, même si l’on saisit peu à peu qu’il camoufle de sombres inquiétudes ( jamais vraiment formulées et ce mystère est aussi la grande force du film). Ensuite parce que les acteur·rices rayonnent de naturel et de charisme. Et enfin parce que les paysages traversés par ce véhicule frondeur nous transportent. À tout point de vue ! Amples, variés, sublimes, ils rappellent combien l’être humain est précaire, incertain, minuscule. Incidemment, ils témoignent de la qualité du regard de
Panah Panahi, qui n’est qu’au tout début, gageons-le, de sa route vers les sommets du
7e art.
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Hit The Road, de Panah Panahi. Sortie le 27 avril.