SELFIE FOLIES
Aux États-unis plus encore qu’en France, prendre des photos d’enfants nus peut vous coûter bonbon. On connaissait l’histoire d’eva Ionesco, shootée par sa mère en tenue d’ève – ou de prostituée – dès l’âge de 4 ans. Des années plus tard, elle avait fini par déposer plainte contre sa génitrice et dénoncer une exploitation traumatisante.
À l’heure où tout le monde se promène avec un appareil photo connecté dans la poche, la judiciarisation de ces choseslà va beaucoup plus vite. Et nettement plus loin. En février dernier, un jeune Américain de Caroline du Nord, Cormega Copening, était poursuivi pour avoir pris et conservé dans son smartphone des photos d’un mineur nu comme un ver. Le nom de ce gamin de 16 ans qui s’était laissé abuser en posant pour le dangereux pervers ? Cormega Copening, c’est-à-dire luimême. Quarterback de l’équipe de football de son lycée, aujourd’hui âgé de 17 ans (!), il échangeait alors des selfies suggestifs avec sa petite amie, la charmante Brianna Denson.
Les juges ont eu beau se rincer l’oeil au passage, la justice demeure aveugle : la loi fédérale sur la pédopornographie juge comme un adulte quiconque prend en photo un mineur à poil, point barre. Pour ne pas être fiché à vie comme un délinquant sexuel, Cormega a donc été contraint de plaider coupable. Déjà suspendu de son équipe de foot et ridiculisé dans tous les médias, il fera l’objet d’une enquête approfondie pendant un an.
Compte tenu de l’empressement français à copier-coller tout ce que les États-unis inventent de pire, gageons que nous ne sommes pas à l’abri d’un tel délire judiciaire. Sans même attendre TAFTA, expurgez fissa vos ordinateurs de toutes les photos pouvant prêter à controverse. Y compris celles où, âgé d’à peine une semaine, vous gazouilliez à poil sur un coussin de velours… •