ISLAM DE FRANCE
INTÉGRATION OU SOUMISSION ?
L’autre jour, pour déconsidérer Nadine Morano, Yann Moix a dit qu’elle était obsédée par l’islam. À mon avis, ça a dû lui valoir plus de sympathie que d’antipathie. On peut trouver cela déplorable, déprimant et hors de propos, mais c’est un fait : les Français semblent être de plus en plus nombreux à penser que l’islam, ou en tout cas un certain islam, et son acculturation en France constituent l’un des principaux problèmes du pays. Et plus on prétend leur interdire de le penser, plus ils le pensent de façon radicale, injuste, sans garde-fou ni frein. On s’en doute, ce sentiment – ou cette prise de conscience, comme on voudra – a considérablement progressé dans l’après-charlie. La France a découvert qu’une frange de ses citoyens n’aimait pas ce qu’elle persiste à être. Bien sûr, il ne s’agit pas de tout l’islam, mais pas seulement non plus de sa seule expression violente ou révolutionnaire. Nombre d’élus partagent ce constat et pas seulement à droite, comme le montre le cas de Céline Pina, conseillère régionale socialiste – qui encourt, il est vrai, les foudres de son parti pour avoir osé dire ce que presque tout le monde voit. Dans ces conditions, le diagnostic implacable de Pierre Manent, s’il ne contribue guère à remonter le moral des troupes, a le mérite de mettre sur notre réalité des mots et des concepts qu’il sera difficile d’évacuer par l’accusation d’islamophobie ou de racisme. L’islam est fort et la France est faible, se désole Manent. On peut trouver d’autant plus déroutant le compromis qu’il propose, et penser qu’il fait la part trop belle au « chacun fait ce qui lui plaît », sacrifiant peut-être au passage la liberté des femmes. Reste qu’après la lecture de Situation de la France, plus personne ne peut sérieusement dire qu’il n’y a pas de problème. C’est le début de la solution. E.L.