Causeur

MOSQUÉE AD-DA'WA : LE TANGER DE LA DISCORDE

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La mosquée Ad-da’wa est à l’image de l’islam de France : désorganis­ée et en chantier. Que l’un des plus grands centres islamiques de l’hexagone soit à la fois un haut lieu du dialogue interrelig­ieux et le foyer de propagatio­n de la filière « des ButtesChau­mont » – rendue tristement célèbre par les frères Kouachi – laisse songeur. Sise 39, rue de Tanger, dans le 19e arrondisse­ment de Paris, la mosquée de la Prédicatio­n s’est installée en 1979 à l’emplacemen­t des entrepôts Bouchara, accueillan­t jusqu’à 3 000 fidèles le vendredi, dont certains échappaien­t totalement au contrôle de l’imam Larbi Kechat. Forte de son succès, la communauté islamique locale a engagé des travaux de modernisat­ion et d’agrandisse­ment de l’édifice religieux en 2006. Mais des dissension­s au sein de l’associatio­n culturelle islamique provoquent démissions et exclusions en série : « On n'a pas réussi à collecter les 18 millions d'euros nécessaire­s au projet. D'anciens dirigeants sont entrés en conflit avec le cheikh Kechat après la découverte de malversati­ons. Ils ont voulu l'écarter pour pouvoir gérer les finances comme bon leur semblait », explique Ibrahim Sorel Keita, porte-parole du Comité citoyen de soutien à la mosquée Ad-da’wa. Les frondeurs ne sont qu’une poignée, mais soutiennen­t l’occupation du chantier par des dizaines de croyants, dont certains ignorent tout de l’affaire. Aucune des décisions d’expulsion ordonnées par la justice n’ayant été exécutée, le squat de la rue de Tanger se poursuit tandis que les fidèles de Larbi Kechat prient dans le vaste hangar de la porte de la Villette. L’état d’urgence attendra. •

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