Causeur

Profession squatteurs

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Les friches et les bâtiments vides de Seine-saintdenis ne sont pas perdus pour tout le monde. Avec l'accord tacite de certaines municipali­tés, le départemen­t a vu s'installer à résidence, au fil des années, un réseau de squatteurs semi-institutio­nnalisés. La fédération française de triathlon (FFTRI) en fait les frais depuis trois ans et demi. Fin 2012, elle rachète un bâtiment à l'assurance maladie, au 31 du boulevard Marcel-sembat, à Saint-denis, pour y installer son siège fédéral. À l'automne 2013, alors qu'elle se prépare à déménager, des squatteurs s'installent... Fin mars 2017, ils étaient toujours là. Initialeme­nt, il était question de précaires, sans-papiers et sans domicile. En pratique, le collectif Attiéké, du nom d'un plat ivoirien, maîtrise non seulement le français à la perfection (voir https://collectifa­ttieke.wordpress. com), mais également le contentieu­x de l'expulsion. Il va en appel, recrute des avocats spécialisé­s, obtient des reports... « On sent le profession­nalisme, commente Jacky Baudrand, en charge du dossier à la FFTRI. Les représenta­nts du collectif que nous croisons au tribunal n'ont pas du tout l'air en détresse. Ce ne sont d'ailleurs jamais les mêmes. » L'hébergemen­t de sans-domicile est devenu une activité secondaire, pour ne pas dire un alibi : le bâtiment de 800 mètres carrés accueille au grand maximum 40 personnes. Il est devenu une annexe municipale officieuse, qui abrite des ateliers de réparation de vélos, des projection­s de films, des animations pour les enfants, etc. Tout cela aux frais de la FFTRI, qui rembourse son emprunt. Le Journal de Saint-denis annonce régulièrem­ent le programme des animations de l'attiéké. SUD Solidaires y tient des réunions, tout comme le Front uni des immigratio­ns et des quartiers populaires (FUIQP), créé par le sociologue Saïd Bouamama. Les vrais animateurs de l'attiéké ne se mettent pas en avant. Ils entretienn­ent des relations fréquentes avec d'autres squats du départemen­t, comme le collectif Baras de Bagnolet, ainsi qu'avec Droit au logement (DAL). Les sphères associativ­es et institutio­nnelles sont en contact fréquent. La directrice de cabinet de Stéphane Peu, adjoint au maire de Saint Denis et président de Plaine Commune Habitat, a longtemps été porte-parole du DAL dans le 93. Fin mars 2017, ayant épuisé les voies de recours, le collectif Attiéké cherchait un point de chute, dans l'éventualit­é d'une expulsion du 31 boulevard Marcel-sembat. Tout porte à croire qu'il en trouvera un.

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