Le Christ s'est arrêté en Kabylie
Depuis 1962, l’algérie reconnaît l’église catholique comme Église nationale du fait de son soutien à la cause indépendantiste… mais voit d’un mauvais oeil les conversions, a fortiori depuis l’adoption d’une loi antiprosélyte en 2006. Curieusement, Alger semble plus tolérante envers les évangéliques protestants qui constituent le gros des 52 000 Algériens convertis au christianisme. Ainsi, la Grande Kabylie est à la fois un foyer actif d’évangélisme et le dernier réduit de terrorisme islamiste dans le pays. Ce paradoxe s’explique par le jeu trouble du pouvoir central qui agite deux chiffons rouges : berbérisme et islamisme. En manipulant ces particularismes trop faibles pour le menacer, le régime se pose en garant de la pérennité nationale. Malgré leur acharnement à attaquer les symboles de l’état, les djihadistes prennent soin de ne jamais attaquer les premiers, dans un contexte de défiance envers l’arabité. À Tizi Ouzou, les évangéliques ont pignon sur rue et des milliers de musulmans non pratiquants déjeunent publiquement en plein ramadan, mais rares sont les enseignes en arabe. •