Réponse d'alain Le Diberder, directeur des programmes d'arte GEIE, à Causeur
Strasbourg, 5 mai 2017
ARTE, chaîne franco-allemande, n’est pas une chaîne comme les autres, au sens où ses programmes proviennent de plusieurs pôles, répartis sur une quinzaine de sites en France et en Allemagne. Dès lors, depuis vingt-cinq ans, elle a dû adopter un fonctionnement original par rapport à ses confrères, certes plus lourd mais tout à fait transparent et contrôlable par tous. Une conférence des programmes, composée de quatre Allemands et de quatre Français, se réunit une fois par mois et accepte des projets après concertation. Par ses textes fondateurs, ARTE s’interdit de diffuser un programme qui n’a pas été accepté par la conférence, ou qui ne serait pas tel qu’il a été accepté par la conférence.
ARTE, chaîne résolument engagée contre l’anti- sémitisme, comme vingt-cinq ans de programmation en font foi, a ainsi accepté la proposition de la chaîne allemande WDR d’un programme présentant un panorama de la montée récente de l’antisémitisme en Europe. Il devait s’intégrer aux nombreuses émissions QU’ARTE consacre à l’europe, autre thème cher à la chaîne, en particulier en cette année 2017 aux enjeux particulièrement importants. Le programme qui a été livré porte essentiellement sur le Moyen-orient. Nous ne pouvions donc pas l’accepter. Cette position n’a rien à voir avec un quelconque jugement sur la qualité du film, et encore moins sur les thèses qu’il défend. Mais nous ne pouvons pas laisser l’initiative à un tiers de ne pas respecter nos procédures, quel que soit le thème du film, et de décider tout seul ce que nous devons ou pouvons diffuser. Ces « procédures » ne sont pas bureaucratiques, mais sont destinées au contraire à éviter tout arbitraire. Il ne s’agit donc pas d’un « blocage de la diffusion » ni d’un quelconque jugement de fond, mais bien de l’exercice de nos responsabilités collectives, dans le cadre de nos textes fondateurs.