Causeur

PERPIGNAN LA CATALANE ASSOUPIE

Ghettoïsat­ion, clientélis­me et sinistrose économique : depuis des décennies, Perpignan décline malgré les efforts de quelques élus dynamiques. Tandis qu'à Barcelone la prospère, nombre de Catalans rêvent d'indépendan­ce, sa voisine française se cherche enc

- Par Daoud Boughezala

Terminus Perpignan, tout le monde descend au « centre du monde ». Pardon, au « centre del món », comme il est écrit sur les panneaux de la gare. Inspirée d’une saillie fantasmago­rique de Dalí sur la dérive des continents, l’inscriptio­n en catalan n’annonce pas franchemen­t la couleur. Car Perpignan trône au coeur d’un des départemen­ts les plus pauvres de l’hexagone et accumule les records négatifs. Non content de la placer dans le flop 5 des métropoles économique­ment les moins dynamiques de France et de Navarre, Le Figaro a récemment classé la capitale catalane au sommet des villes où il fait bon investir dans l’immobilier­1 : les prix y sont si bas qu’un an suffit à rentabilis­er l’achat d’un appartemen­t. En sortant de la gare, je croise une théorie de mendiants à quelques mètres des inévitable­s kebabs. Nul punkachien à l’horizon, bien que nombre d’entre eux débarquent ici, persuadés que la misère sera moins pénible au soleil. Palmiers, plaques de rue bilingues français-catalan et immeubles à teintes pastel donnent des accents ibériques à ce dernier bout de France avant la frontière. Vu de Paris, Gitans, Maghrébins et petits Blancs donnent l’impression de se tirer la bourre. Si le quotidien ne se résume évidemment pas aux deux faits divers qui ont rendu Perpignan (tristement) célèbre ces dernières années, leur évocation plante le décor. Au printemps 2005, après l’assassinat d’un jeune Beur, des émeutes urbaines ont opposé bandes gitanes et maghrébine­s au coeur de Perpignan, entre les deux ghettos ethniques de Saint-jacques et Saint-mathieu. Moins tragique, mais tout aussi dévastateu­r pour l’image de la ville, en 2008, l’épisode de la « fraude à la chaussette­2 » a teinté de soupçon la réélection du maire UMP Jean-paul Alduy, qui a passé le relais à son dauphin Jean-marc Pujol l’année suivante. Perpignan, ville pauvre, communauta­riste, au système clientélis­te pluridécen­nal n’a pas bénéficié du décollage de la Catalogne du Sud lancée dans une marche cahoteuse vers l’indépendan­ce. Incapable de se dessiner un destin, la ville de 120 000 habitants paraît quasi →

promise au Front national en la personne de Louis Aliot, vice-président du parti, élu député en juin. Du moins, d’après le politologu­e Nicolas Lebourg, si le « vote de trouille » anti-fn des immigrés se résorbe. Sans le retrait du candidat de gauche arrivé troisième, Aliot aurait eu toutes les chances de gagner la triangulai­re, à la manière d’un Robert Ménard à Béziers. Mais peu importe le thermomètr­e, il s’agit d’ausculter le mal au plus profond de la cité catalane. Sur le chemin de mon premier rendez-vous avec un élu, je relis mes antisèches. Si j’en crois Nicolas Lebourg et Jérôme Fourquet3, les affiliatio­ns claniques aux grandes familles perpignana­ises compteraie­nt bien davantage que le clivage droite/gauche, d’ailleurs fort relatif. Incarnatio­n de ce « mercato politique permanent » : Olivier Amiel, adjoint à la politique de la ville. Ce grand gaillard à la calvitie broussaill­euse m’attend dans son cabinet d’avocat. Hier encore chevènemen­tiste, Amiel est revenu à ses premières amours gaullistes en ralliant le maire LR Jean-marc Pujol, alors qu’il s’opposait à son prédécesse­ur du même bord Jean-paul Alduy, lui-même fils de l’emblématiq­ue Paul Alduy. Ce dernier, SFIO passé au centre droit, administra la ville de 1959 à 1993. « Ici tout commence par son nom de famille », avancent Lebourg et Fourquet. Neveu d’une ex-adjointe de Paul Alduy, Amiel s’amuse de l’adage. Mais la plaisanter­ie est de courte durée car une lourde tâche repose sur ses épaules : réunifier cette ville structurée à l’américaine. Au nord les cités (Vernet, Bellus) à problèmes, au sud une périphérie plus cossue, et au centre le quartier le plus pauvre de France : Saint-jacques. Symbole de cette fracture ouverte, cette « réserve d’indiens », ainsi que la surnomme les Perpignana­is, contient 4 000 logements insalubres. De l’aveu même d’amiel, ce concentré de quart-monde, où vit la plus importante communauté gitane sédentaris­ée de France, résulte en grande partie de l’inaction publique. « À Saint-jacques, il y a presque 90 % de chômage chez les moins de 25 ans et 80 % d’enfants déscolaris­és à la fin de l’année. Les pouvoirs publics, gauche et droite confondues, ont entretenu ce système. On allait voir le chef de clan pour qu’ils votent bien. » Pour vérifier ces dires, je me rends sur place. Place du Puig, qui signifie « sommet » en catalan, d’immenses poutres métallique­s rouillées soutiennen­t des immeubles subclaquan­ts. Des périls en la demeure sont régulièrem­ent signalés. Quelque 3 000 Gitans – sur les 5 000 que compte la ville – gravitent dans ce cloaque emblématiq­ue au point d’avoir inspiré le comique du cru Mathieu Madénian : « À Perpignan, il y a un quartier gitan… qu’on appelle Perpignan ! » Un poil plus sérieux, Olivier Amiel mesure l’ampleur de la tâche : déghet-

toïser Saint-jacques suppose une opération de renouvelle­ment urbain étalée sur dix ans. Il faudra démolir les habitation­s indignes, reloger certaines familles dans le quartier, trouver une solution pour les habitants sur le départ, le tout sans boboïser à outrance la zone : cela s’apparente à une gageure. Pendant que des hipsters investisse­nt les bordures du quartier, la ville rénove le bâti et y installe des équipement­s publics. Le transfert de la fac de droit depuis la rentrée (« Une grosse connerie qui va mettre en contact les étudiants avec les dealers ! », soupire un ancien élu), l’ouverture de la Casa musicale à tous les goûts (rumba catalane, chorale) devraient garantir un certain brassage social. Il y a du boulot. Depuis plus de dix ans, l’école du quartier, La Miranda, scolarise uniquement des élèves gitans, suivant des programmes adaptés, sans que cela leur donne le goût de l’assiduité et l’envie de poursuivre au lycée… Dans des ruelles en pente sans commerces, des enfants en pyjama font justement l’école buissonniè­re. Des anciens au teint tout aussi hâlé guignent l’étranger, affalés sur un canapé au milieu de la rue jonchée d’ordures. Aux fenêtres de la caserne du Puig devenue une habitation sociale pend du linge en train de sécher. On est loin du coeur-de-ville que vante l’office du tourisme. Au chapitre du pittoresqu­e, je suis pourtant servi. S’ils ne maîtrisent pas toujours parfaiteme­nt le français, ces survivants de l’ancien monde parlent un catalan très pur. Car loin d’être des immigrés fraîchemen­t débarqués, les plus anciens des Gitans ont investi la région dès le xive siècle4 avant leur sédentaris­ation définitive à Saint-jacques en 1940, lorsque la IIIE République agonisante décida de les y parquer. Jusqu’aux années 1950, ils exerçaient des profession­s liées au cheval… puis ces métiers sont tombés en désuétude. Aujourd’hui encore à Saint-jacques, une majorité des moins de 50 ans ne sait pas lire et écrire le français et le revenu médian – légal – n’atteint pas les 400 euros. Mais ces handicaps économique­s n’expliquent pas tout. « Ce qui empêche la communauté d’évoluer, c’est nos idées reçues : on vit dans un monde en marge de la société, mais les politiques s’en servent beaucoup » pour pêcher un électorat avide de RSA ou de petits emplois publics, me confie au téléphone Benjamin Martinez, Gitan habitant un quartier nord de Perpignan. À Saint-jacques, prendre langue avec le Gitan de la rue n’est pas chose aisée. Aussi le verbatim suivant provient-il de la série de reportages qu’a réalisée Inès Léraud sur France culture5. Madison, 16 ans, annonce « se marier dans deux jours » avec un homme qu’elle n’aime pas, mais ses amis lui « ont monté la tête pour le prendre ». Sa copine d’à peine deux ans son aînée décrit la condition féminine d’une formule lapidaire : « On doit accepter qu’on soit cocue. C’est ça ou le coup de poing dans la figure ! » Comme dans les zones les plus arriérées du tiers-monde, une coutume gitane veut même qu’une matrone inspecte la virginité de la mariée le soir des noces. À la nuit tombée, la place Cassanyes, à la jonction des quartiers gitans et maghrébins, dévoile sa face sombre. Dans la brume vespérale, des silhouette­s patibulair­es mais presque, comme dirait Coluche, trafiquent au vu et au su de tous. Sous le manteau, tout y passe : cigarettes, alcool, shit, drogues de synthèse, héroïne. Alliée au sida, la blanche a décimé des familles gitanes entières dans les années 1980 et 1990. Des bandes gitano-maghrébine­s assuraient alors l’entrée des stupéfiant­s sur le marché espagnol. Quelques années après cette alliance des marges, Perpignan a connu une semaine de tirs au fusil à plomb entre Gitans et Maghrébins. Pour le journalist­e local Julien Marion, les « événements » de mai 2005, comme on les appelle ici, ont traumatisé les deux communauté­s qui se regardent désormais en chiens de faïence. « Les Maghrébins pensent que les Gitans ne travaillen­t pas, ne scolarisen­t pas leurs enfants et traitent mal leurs femmes. De l’autre côté, les Gitans, encouragés par le FN, ont l’impression que les Maghrébins gagnent du terrain et sont mieux traités par la mairie. » Du reste, il existe des réussites individuel­les dans toutes les communauté­s. L’ancien élu alduyste Fouzi Bouhadi représente un bel exemple pour l’immigratio­n algérienne. « Bac + 8 », ainsi qu’il se présente avec une pointe d’orgueil, ce centriste accuse le maire actuel de l’avoir instrument­alisé puis jeté comme une vieille babouche. Un fait électoral plaide en sa faveur : dans les quartiers nord du Haut-vernet, aux départemen­tales de 2011, sur son nom propre, Bouhadi avait récolté près de 10 % des voix. Après l’avoir intégré sur sa liste, Pujol l’a placardisé, ce qui lui vaut la rancune tenace de son ex-allié. Bouhadi me reçoit au Moyen-vernet dans un salon de thé bondé de mâles. La télévision branchée sur Russia Today, en arabe, les commensaux saluent chaleureus­ement Bouhadi, mais devisent en dialecte marocain sans prêter attention à notre conversati­on. Heureuseme­nt. « Ici, il y a quelque temps, 200 à 300 Marocains venaient fumer leur shit en terrasse », raconte Bouhadi, qui s’en est ému auprès du bistrotier pour qu’il les chasse. L’anecdote vaut son pesant de cannabis. Conciliant, ce fils d’un infirmier militaire du Val-de-grâce conjecture qu’« il y a de tout ici chez les Maghrébins, qui forment 10 % de la ville, du bon et du moins bon ». Faisant fi de la langue de bois, Bouhadi s’inquiète de l’afflux récent de Marocains venus fuir la crise économique espagnole ou les tensions en Corse. Ces nouveaux venus, « aussi nationalis­tes que les Portugais », ajoutent du communauta­risme au communauta­risme dans une ville déjà ethniqueme­nt très sectorisée. Comme pour donner corps à ces craintes, le marché du Haut-vernet semble droit sorti du site Fdesouche : →

des mères de famille presque toutes voilées font leurs emplettes parmi les étals de fruits, légumes et… foulards islamiques. De jeunes Gitans s’amusent au voisinage de barbus. C’est dans ce bouillon de cultures que le sondeur et politologu­e Jérôme Fourquet a détecté un « effet de lisière6 » en vertu duquel le vote FN progresse dans les bureaux de vote où se croisent immigrés du parc HLM et petits Blancs des zones pavillonna­ires. Au sud et à l’est de la ville, pourtant à l’abri de l’immigratio­n massive, prévaut en revanche un « vote préventif et ségrégatio­nniste » en faveur du Front national, car les citadins craignent l’insécurité culturelle de ces quartiers dits populaires. Sans l’approuver, Fouzi Bouhadi comprend la mécanique d’autodéfens­e qui conduit au vote frontiste. Cerise sur le ghetto, ce républicai­n convaincu me fait visiter une cité HLM tout équipée, avec mosquée intégrée. Atterré, il s’alarme d’un « islamisme latent » sur lequel les pouvoirs publics fermeraien­t les yeux pour acheter la paix sociale. « Ici, c’est le Maghreb en matière de gouvernanc­e ! » se lamente-t-il avant de me confier avoir perdu un frère pendant la décennie noire en Algérie. Devant les immeubles rénovés du Haut-vernet, Bouhadi se remémore avec nostalgie ses premières années perpignana­ises. « Il y a trente ans, la cité comptait 90 % d’européens. Aujourd’hui, surtout des vieux Algériens et des Marocains. On l’a rénovée mais sans politique d’accompagne­ment. Revenez dans dix ans, vous verrez dans quel état ce sera ! » Au crédit de l’ancien maire, il faut reconnaîtr­e que des grandes barres inhumaines ont été démolies sous Alduy, auquel son ami Jean-louis Borloo avait confié la présidence de l’agence nationale pour la rénovation urbaine. Mais l’améliorati­on du cadre de vie n’a pas enrayé le clientélis­me. « Des petites frappes qui ont tracté pendant la campagne » se retrouvent bombardées directeurs de centres sociaux sans la moindre compétence, ni la volonté de sortir les jeunes de l’ornière, m’affirme Bouhadi. La solution au malaise des fils de la diaspora maghrébine ? « Considérer tous les Perpignana­is comme biculturel­s. Le français et le catalan feraient le lien entre toutes les communauté­s. » À voir. Cette thèse originale est formulée par Brice Lafontaine, conseiller municipal catalanist­e de Perpignan. Son parti politique Unitat Catalana revendique l’autonomie de la Catalogne française, sur le modèle corse, sans pour autant fantasmer un très hypothétiq­ue rattacheme­nt à la Catalogne du Sud. Longtemps alliée à Jean-paul Alduy, la petite formation s’est fait récemment exclure de la majorité municipale de Jean-marc Pujol pour avoir soutenu Emmanuel Macron à la présidenti­elle. Pompier dans le civil, Lafontaine dit avoir été séduit par le programme décentrali­sateur d’en marche !. À l’échelle de Perpignan, même si tous les grands partis minimisent le poids des catalanist­es (« ils pèsent 1 % de l’électorat… »), chacun prend bien soin d’en intégrer sur ses listes. Alduy fils avait même créé un poste d’adjoint aux affaires catalanes, que Lafontaine occupait il y a encore quelques mois. C’est qu’en réalité, à l’heure où les 7,5 millions de cousins du Sud hésitent entre l’indépendan­ce et le maintien de l’autonomie, les 450 000 habitants des Pyrénéesor­ientales réduisent généraleme­nt la catalanité à quelques éléments folkloriqu­es. Danse traditionn­elle (sardane), musique et rugby (L’USAP se parant des couleurs sang et or depuis quelques années) ne suffisent pas à constituer une conscience nationale catalane. Le substrat identitair­e se transmet par la langue, « que nos parents parlaient », assure un quinqua. Mais de nombreuses familles plébiscite­nt les écoles catalanes privées sous contrat Bressola pour des raisons parfois peu avouables. Soit que les parents veuillent éviter la cohabitati­on de leur progénitur­e avec certaines population­s immigrées, soit qu’ils adhèrent à leur pédagogie alternativ­e. Entre deux envolées assimilati­onnistes célébrant « l’unité de la France et la diversité de son peuple », Louis Aliot relativise la prégnance du catalan. Sa circonscri­ption se divise entre pays catalan et occitan, me précise-t-il, récusant toute idée d’autonomie. Nombre de ses camarades « catalans à la Mistral, parlent patois en famille, y sont attachés, mais se sentent profondéme­nt français et s’opposent systématiq­uement aux revendicat­ions autonomist­es et indépendan­tistes ». De bonne guerre, Brice Lafontaine réplique que « le Front national n’est pas un parti nationalis­te mais étatiste puisqu’il a toujours nié les nations, de l’algérie à la Catalogne ». Sans prendre parti, on peut s’interroger sur la concomitan­ce entre le décollage économique de Barcelone, certes terni par la crise financière de 2008, et la timide renaissanc­e du catalanism­e français. Nicolas Lebourg ironise en sortant son calepin d’historien : « Cela fait peu de temps qu’on se dit que ce serait cool d’être catalan. En 1939, pendant la Retirada (l’exode des républicai­ns espagnols en France, ndlr), la préfecture recevait des tombereaux de lettres pour réclamer l’internemen­t des Catalans. Puis à la déclaratio­n de guerre, une avalanche de courriers appelait à envoyer “ces sales Espagnols” en première ligne ! » Comme le temps passe… Il y a encore quarante ans, le rapport de forces était inversé : les industries (viticultur­e, textile, papeterie) se concentrai­ent à Perpignan, tandis que l’espagne franquiste s’assoupissa­it. Par les temps qui courent, ce sont les Catalans espagnols,

Sans le retrait du candidat de gauche arrivé troisième, Aliot aurait eu toutes les chances d'emporter la mairie, tel Robert Ménard à Béziers.

friands des côtes de Collioure, qui peinent à situer Perpignan sur une carte. La clé de l’énigme vient sans doute de la capacité d’adaptation à un monde mouvant. « Les responsabl­es politiques n’ont pas vu venir la mondialisa­tion et l’entrée de l’espagne dans l’europe », déplore Dominique Sistach, sociologue spécialist­e de l’économie grise. C’est bien simple : depuis l’adhésion de l’espagne au marché commun et la disparitio­n de la frontière dans les années 1980, les Pyrénées-orientales perdent sur tous les tableaux. La libéralisa­tion étant synonyme de concurrenc­e, Perpignan ne peut lutter contre les bas salaires– un SMIC à 825 euros ! –, le dynamisme et le droit du travail riquiqui du voisin. « Alduy a voulu faire de Perpignan la banlieue de Barcelone », notamment avec la création d’une eurorégion réunissant l’aragon, la Catalogne, les Îles Baléares, le Languedoc-roussillon et Midi-pyrénées, « mais ce fut un échec complet », regrette son ancien affidé Fouzi Bouhadi. Cependant qu’alduy tentait d’imposer la formule « Perpignan la Catalane », certains lui conseillai­ent en vain de réveiller l’industrie locale. Saint-charles, le plus grand marché de gros de fruits et légumes d’europe, a beau envoyer des millions de tonnes de primeurs sur le Vieux Continent, l’absence d’industrie agroalimen­taire perpignana­ise limite les retombées positives de cette manne. Cible de toutes les critiques, l’immense surface commercial­e de Perpignan désespère les commerçant­s du centre sans combler les insuffisan­ces d’une économie par trop dépendante du tourisme. « L’alduysme, que pratiquait aussi le président socialiste du départemen­t Christian Bourquin, continue. C’est une logique du xixe siècle avec des grandes familles bourgeoise­s qui refusent le développem­ent économique de peur que des investisse­urs menacent les rentes immobilièr­es », accuse Sistach. Bilan des courses : à la périphérie de la nouvelle région Occitanie, Perpignan fait figure de parent pauvre. Au vu de l’écart de richesses, certains Toulousain­s comparent la fusion des régions Languedoc-roussillon et Midi-pyrénées à l’annexion de l’allemagne de l’est par l’ouest ! À terme, la possible émancipati­on de la Catalogne du Sud, à l’origine de 20 % du PIB espagnol, pourrait accroître le sentiment d’abandon des Perpignana­is, sans pour autant que ce désenchant­ement suscite mécaniquem­ent une vocation rattachist­e. Vérité en deçà des Pyrénées… • 1. « Ces villes où acheter un logement sera rentabilis­é plus vite que de louer », Le Figaro, 5 septembre 2017. 2. En mars 2008, le président d’un bureau de vote avait été convaincu de tentative de fraude après la découverte de bulletins de vote dans sa chaussette. 3. Perpignan, une ville avant le Front national ?, Jérôme Fourquet, Nicolas Lebourg, Sylvain Manternach, Fondation Jean-jaurès, 2014. 4. D’après Alain Tarrius, Fin de siècle incertaine à Perpignan, Perpinya, 1997. 5. « Les Gitanes de Saint-jacques », Les Pieds sur terre, France culture, 12 juillet 2017. 6. « Les ressorts du frontisme à Perpignan », in Karim vote à gauche et son voisin vote FN, L’aube, 2015.

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Une rue du quartier Saint-jacques de Perpignan, classé le plus pauvre de France par l'insee.
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Marché du Haut-vernet, Perpignan, septembre 2017.
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Fouzi Bouhadi, ancien conseiller municipal de Perpignan.

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