Les virus sont-ils sexistes ? Par Gil Mihaely
Vous connaissez la blague : pourquoi les femmes souffrent-elles atrocement pendant l’accouchement ? Parce que Dieu souhaite qu’elles puissent comprendre ce que vit un homme avec 37,5 degrés de fièvre… Le phénomène est tellement connu que les dictionnaires d’oxford et de Cambridge ont un terme pour le désigner : man flu (« la grippe des hommes »), c’est-à-dire une grippe vécue de façon dramatisée par les représentants du sexe dit fort. Autrement dit, pendant qu’une femme avec 40 de fièvre lange les enfants, change les draps tous les jours, répond aux mails du bureau et prépare de bons petits repas, un homme grippé transforme sa chambre en porcherie, se nourrit des restes glanés dans le frigo et se croit à l’article de la mort. On pourrait penser que ces observations manquent un peu de rigueur scientifique. Eh bien, depuis quelques mois ce n’est plus le cas, grâce à Kyle Sue, un professeur de médecine canadien de la Memorial University de Terre-neuve. Dans un article publié par le British Medical Journal, le docteur Sue constate que le système immunitaire des hommes réagit moins efficacement que celui des femmes en cas d’infection virale des voies respiratoires. En conséquence, les hommes présentent des symptômes grippaux plus pénibles et plus prolongés, ce qui pourrait expliquer leur rapport différent à la maladie, voire leur propension à l’abattement et au laisser-aller. D’autres études sérieuses apportent de l’eau au moulin du docteur Sue en démontrant que les hommes sont plus nombreux à être hospitalisés pour grippe sévère et à mourir de cette maladie. Mais la douilletterie masculine est sans doute un facteur aggravant : selon des études du ministère canadien de la Santé, il y a nettement moins de volontaires masculins que féminins pour la vaccination… •