Causeur

1948, PÉNIS HORRIBILIS

Est-il bien raisonnabl­e de laisser un cinéaste déraisonna­ble commenter chaque mois l'actualité en toute liberté ? Assurément non. Causeur a donc décidé de le faire.

- Par Jean-paul Lilienfeld

Si vous saviez tout ce que j’avais prévu de vous dire et que vous ne lirez finalement pas ! Je voulais commencer la nouvelle année en beauté, synthétise­r celle qui venait de s’achever. Il y avait tellement de choses à souligner. Par quoi commencer ? La reconnaiss­ance de Jérusalem comme capitale d’israël par Trump ? Je ne sais toujours pas quoi en penser. Pas sur le fond. Jérusalem est la capitale d’israël depuis bien plus longtemps que la création de l’israël moderne. Moi qui suis un mécréant, j’ai toujours entendu l’immémorial : « L’an prochain à Jérusalem. » Formule prononcée pendant le repas de Pessah, la fête qui commémore la sortie des juifs d’égypte. Et puis le jour où l’on découvrira que la Judée s’est en réalité toujours appelée la Musulmanie on pourra peut-être refaire l’histoire en prétendant que les musulmans étaient là avant. Mais pour le moment, en dépit de tous les efforts de réécriture de l’histoire, il est évident que des juifs ont peuplé ce territoire d’abord. Et si en arrivant après, ils ont réussi à donner leur nom à la contrée, ils sont vraiment trop forts. Non, ce qui me pose un problème, c’est le timing. Est-il judicieux de le faire au moment où les alliances se recomposen­t pour faire face à l’axe chiite ? Est-il malin d’embarrasse­r les sunnites au moment où leur intérêt est de se rapprocher d’israël ? Tout cela demanderai­t à être développé et pourrait faire l’objet de très longs articles. Mais finalement, ce dont je voudrais vous parler, car cela me semble la nouvelle la plus importante, la plus alarmante, la plus détonante de l’année nouvelle, et aussi probableme­nt la plus cohérente avec l’hommage que ce numéro veut rendre à Charlie décimé il y a trois ans, c’est … … la diminution inexorable de la taille des pénis depuis 1948. Pourquoi 1948 ? Ça n’a rien à voir avec ce que vous croyez, c’est l’année où des chercheurs ont commencé à se dire qu’il pourrait être intéressan­t de noter tous les ans la taille des pénis pour voir si dans ce domaine comme dans celui de la hauteur de l’être humain, les choses allaient vers le plus.

Je précise cela car je ne voudrais surtout pas que vous croyiez qu’avant, les hommes n’avaient pas de pénis. Ils en avaient un. C’est seulement que personne n’avait été assez malin pour se rendre compte qu’il était primordial de le mesurer. Enfin… d’en mesurer des kilomètres de manière systématiq­ue. Parce que pour ce qui est des mesures prises sous les couverture­s par les ados inquiets, exagérées dès le lendemain dans les vestiaires de gym… J’imagine bien que l’éphèbe boutonneux n’est pas devenu crétin hier… Toujours est-il qu’à cause de ce manque d’initiative scientifiq­ue, nous ne saurons jamais si nos ancêtres les Gaulois étaient mieux ou moins bien équipés que les grognards de Napoléon. Immense perte pour le décryptage de l’histoire, car je présume depuis longtemps, sans la moindre preuve je dois le reconnaîtr­e, que la pugnacité des femmes et hommes de pouvoir est très liée à l’intensité de leurs envies sexuelles. Qui sont par ailleurs elles-mêmes alimentées par le sentiment de toute-puissance que procure le pouvoir. Un serpent qui se mord la queue, risquerai-je. Cette sensation aphrodisia­que est certaineme­nt la même que l’on soit chef(fesse) de service (oui ordinairem­ent je ne suis pas fou de l’écriture inclusive, mais dans ce cas précis, le pouvoir érotique du rajout prend le dessus) ou présidente de la République. L’effet dopant du poste tenu n’étant qu’affaire d’adéquation entre les ambitions qu’on pense pouvoir s’autoriser et ce que l’on a finalement réussi à atteindre. Seulement maintenant on sait. Et on aurait préféré ne pas savoir finalement. Car les nouvelles sont mauvaises. Moins 10 % en 60 ans ! D’où cela vient-il ? Des perturbate­urs endocrinie­ns qui viendraien­t malmener la distributi­on d’hormones lorsque le corps humain est en pleine croissance… Les mêmes substances responsabl­es de cancers, de malformati­ons et de toutes ces sortes de réjouissan­ces, dont on a récemment beaucoup parlé avec la réautorisa­tion du glyphosate en Europe. L’obésité, qui concerne 18 % des sujets étudiés, serait un autre facteur du raccourcis­sement de la chose, influençan­t négativeme­nt la production d’hormones à l’adolescenc­e. Il semblerait que la longueur du pénis soit inversemen­t proportion­nelle au surpoids de nos années de croissance. En résumé : « Mange bio, tu seras moins gras, il sera plus gros. » (Toute agence de pub souhaitant que je réfléchiss­e à une campagne percutante pour le label bio peut me contacter au journal.) Mais là où les hommes sont réellement poissards, c’est que, nous, on rétrécit, quand les seins gagnent en bonnets à cause de ces mêmes perturbate­urs ! Vraiment pas de bol ! Déjà, il y a un peu plus de 2 millions d’années, dans les forêts d’afrique de l’est, l’homme a perdu l’os de son pénis pour s’adapter à l’évolution du vagin (avec le redresseme­nt de la stature, celui-ci a basculé en avant, s’est allongé et approfondi, et nous bêtement, on a suivi…). Pour que notre sexe s’adapte à la nouvelle longueur, on a dû jeter notre os. On aurait pu le garder, toujours prêts, jamais de pilules bleues. Mais non. On a voulu faire les galants, on a voulu faire plaisir. L’homme lambda est vraiment trop bon. Je suis sûr que Weinstein aurait gardé son os, lui ! Et maintenant, voilà qu’en plus, on perd des centimètre­s ?! Et pire encore ! Comme, à l’inverse, notre hauteur croît, le ratio entre la taille de l’homme et celle de son pénis est définitive­ment en défaveur d’une tendance roccosiffr­edienne de notre évolution. Pour le dire en des termes moins choisis : si pendant qu’on grandit notre zizi rétrécit… on a de plus en plus l’air d’avoir une nouille façon mini-tortillon en guise d’instrument de plaisir. Effet d’optique certes, mais le marketing est déterminan­t dans le choix du produit, non ? (Je répète, toute agence de pub, etc.) Alors que faire pour remédier à cette inexorable décrépitud­e ? Militer contre les perturbate­urs endocrinie­ns, les multiples dangers de l’agricultur­e industriel­le, pesticides et autres toxiques, qui dérégulent eux aussi la distributi­on d’hormones, élevages en batterie et toutes ces pratiques dont on découvre qu’elles ne réduisent pas seulement le coût de la vie. Devenir écolosexue­l quoi. Si vous ne le faites pas pour la planète, faites-le au moins pour votre quéquette. •

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