Des injustes chez Justin
Depuis l’élection du Premier ministre Justin Trudeau en 2015, le Canada est plus que jamais perçu comme l’eldorado du multiculturalisme. Mais ce cliché cache une réalité bien différente. Plusieurs chiffres indiquent que la terre de l’érable n’est pas seulement un pays « hospitalier à la différence », selon la formule du philosophe Charles Taylor. Ainsi, en mars 2017, selon un sondage de l’institut CROP, 40 % des Canadiens jugeaient qu’il y avait trop d’immigrés. Plus de la moitié des Canadiens exprimaient des craintes sur l’avenir de leur culture et de leur identité. Quelques mois plus tard, une enquête Ipsos révèle qu’environ la moitié de la population canadienne ne croit pas à l’intégration des derniers arrivés. Aux antipodes des discours vivre-ensemblistes, 41 % des Canadiens pensent que les réfugiés mentent sur leur situation et viennent au Canada pour des raisons exclusivement économiques. Trump semble même avoir fait des émules outre-frontière puisque 52 % des personnes interrogées voient dans certains migrants des terroristes venus semer « la violence et la destruction ». Comme partout en Occident, le fantasme d’un Disneyland multiculti ne séduit guère que les élites. Si ces enquêtes nous livrent un scoop, c’est que Canadiens anglophones et Québécois répondent – pour une fois – d’une même voix. Ainsi, un jeune dirigeant libérallibertaire gouverne une population largement réfractaire à l’immigration. Toute coïncidence avec un pays cousin… •