Causeur

Associatio­ns de bienfaiteu­rs

- Rachel Binhas

Quand ce ne sont pas les associatio­ns qui propagent les revendicat­ions islamo-gauchistes, les élus s'en chargent directemen­t.

Comme la fonction d’adjoint au maire en charge du logement, celle de délégué à la vie associativ­e est un poste déterminan­t dans les villes. Les risques de clientélis­me se révèlent particuliè­rement élevés. » Marie-laure Brossier en sait quelque chose. Cette élue (LREM) de l'opposition à Bagnolet observe depuis plusieurs années les dérives sur le terrain. Et en banlieue parisienne, elles ne manquent pas. « Ces mouvements viennent s’installer où les territoire­s sont accueillan­ts car ils ne s’y heurtent à aucune résistance, au contraire, ils sont souvent accueillis officielle­ment par les élus », ajoute-t-elle. Elle vise en l'occurrence deux collectifs tous deux dirigés par Fatima Ouassak. Cette plume des Indigènes de la République, « politologu­e », a fondé Ensemble pour les enfants de Bagnolet (EEB) puis le Front de mères, associatio­n bien plus politisée que son aînée. Les combats D'EEB tournent autour des dangers des écrans pour les plus jeunes ainsi que de la mise en place de menus « sans viande » dans les cantines scolaires. À ceux qui seraient tentés de voir l'enjeu du hallal dans cette bataille pour des menus végétarien­s, l'associatio­n oppose un discours bien plus universali­ste centré sur la santé publique. Il faut cependant préciser que l'école inquiète beaucoup Fatima Ouassak et les membres de Front de mères qui pensent que le système scolaire français est par nature raciste. Dans une tribune publiée il y a un an pour le lancement de l'organisati­on, la militante apostropha­it les « parents noirs, arabes et musulmans, habitant les quartiers populaires » : « Êtes-vous sereins quand vous confiez vos enfants à l’école le matin ? » On pouvait lire que l'école apprend aux enfants « à avoir honte de ce qu’ils sont [...] à ne pas respecter les valeurs que nous essayons de leur transmettr­e » sans oublier de leur inculquer « la hiérarchis­ation raciale ». La chanson bien connue des Indigènes de la République… « Une associatio­n anodine consacrée aux écrans et la malbouffe comme EEB a en réalité pour objectif de recruter des militants que l’on pourra diriger vers le collectif politique, Front de mères, afin de pouvoir ensuite peser aux prochaines élections municipale­s », explique Marie-laure Brossier. Celle-ci a signalé aux élus de Bagnolet les prises de position de Fatima Ouassak et celles de Youcef Brakni, militant indigénist­e, porte-parole de la famille Traoré, qui affirme tranquille­ment que la police, en France, « tue des Noirs et des Arabes dans les quartiers populaires ». Pas de quoi émouvoir la majorité à Bagnolet. Véritables paravents, certaines associatio­ns peuvent même abriter en leur sein des écoles coraniques clan- destines. En 2016, l'associatio­n Tous ensemble, à Évry (Essonne), qui prétendait proposer du « soutien scolaire, l’apprentiss­age des langues, l’alphabétis­ation pour étrangers », a été fermée sur ordre de la mairie et de la préfecture. L'associatio­n était en réalité une école coranique clandestin­e et prodiguait des cours de Coran et de sciences religieuse­s à des enfants âgés de trois à six ans. À en croire certains élus locaux, ce type d'enseigneme­nt est en forte recrudesce­nce. « Pour éviter tout problème avec les autorités, des parents scolarisen­t leurs enfants à domicile via le CNED, observe un maire sous couvert d'anonymat. Mais les enfants ne suivent pas les cours par correspond­ance. Les parents les emmènent dans des centres communauta­ires, voire des écoles coraniques clandestin­es. » Alors que le pays compte plus d'un million d'associatio­ns, le nombre d'enfants instruits à domicile a doublé entre 2008 et 2015, passant de 13 500 à près de 25 000. Difficile dans ces conditions d'assurer un contrôle rigoureux… Pour le centenaire de la loi de 1901, un rapport du Conseil d'état publié en 1999 pointait du doigt « les dérives ou abus de certaines associatio­ns », tout en souhaitant éviter de modifier la loi. Près de vingt ans plus tard, des associatio­ns fabriquent sur →

notre sol des petits musulmans plus à l'aise à La Mecque qu'en France. Certains maires, soucieux de limiter les esclandres, préfèrent jouer la discrétion et évitent d'accorder des subvention­s aux organisati­ons sulfureuse­s. L'aide se transforme alors en prêt de locaux municipaux ou en soutien ponctuel à l'associatio­n lors de manifestat­ions. Pour l'organisati­on de sa conférence en février dernier, « La viande, la fin d'un mythe », Fatima Ouassak a bénéficié d'une salle de la ville de Bagnolet. Étaient présents à la conférence le maire de Fontenay-sous-bois, qui a déclaré souhaiter « une cuisine inclusive », des anciens élus de la majorité communiste, des élus insoumis, un militant d'act Up, l'élu (FG) de Saint-denis Madjid Messaouden­e, qui trouve islamophob­e l'interdicti­on de la burka : c'était en somme l'intersecti­onnalité des luttes incarnée. Du reste, quand ce ne sont pas les associatio­ns qui propagent la bonne parole et les revendicat­ions islamo-gauchistes, les élus s'en chargent directemen­t. Alors qu'il avait pris ses fonctions depuis peu, Merouan Hakem, adjoint au maire de Bagnolet en charge de la vie associativ­e, s'est rapproché de la seule associatio­n féministe, à l'époque, Femmes solidaires. Michelle Barte, présidente de l'associatio­n, se souvient de la conversati­on : « Il a évoqué l’idée de mettre en place des horaires de piscine réservés aux femmes. Évoquant les complexes qu’elles pouvaient avoir, il expliquait qu’il pouvait être difficile de se mettre en maillot de bain devant des hommes. » Un discours contraire aux principes de cette militante féministe, ancienne communiste. L'affaire remonte jusqu'au conseil municipal. Interrogé sur son projet, Merouan Hakem rétorque qu'il s'agissait… d'une plaisanter­ie. Contacté, le maire de Bagnolet n'a pas donné suite à nos sollicitat­ions. Quant à Merouam Hakem, il nous a assuré au téléphone qu'il avait « beaucoup de choses à dire sur le clientélis­me », avant de raccrocher et d'oublier de nous rappeler. La problémati­que n'est pas propre à la banlieue parisienne. Ailleurs sur le territoire français, des associatio­ns propagent sous couvert de missions d'intérêt général une idéologie contraire aux valeurs républicai­nes. Même la ville de Robert Ménard n'y échappe pas. À Béziers, Mehdi Roland, musulman converti de 39 ans qui se présente comme un « communican­t », s'est lancé dans un bras de fer avec la municipali­té. Membre de plusieurs associatio­ns, il est devenu une figure emblématiq­ue du militantis­me islamique biterrois, notamment dans les deux zones prioritair­es de la politique de la ville que sont le centre et le quartier de la Devèze. C'est dans ce quartier difficile que se situe son associatio­n culturelle Esprit libre depuis une dizaine d'années. Objectif affiché : « L’épanouisse­ment intellectu­el, intercultu­rel et la cohésion entre les habitants de la ville de Béziers. » Dans les faits, l'associatio­n promeut le boycott des produits israéliens, compare les musulmans biterrois aux juifs des années 1930, met en place des soupes populaires hallal, et fait chanter de jeunes enfants, garçons en qamis et fillettes voilées, lors de la fête du quartier. Sur les réseaux sociaux, Mehdi Roland, qui arbore aussi la casquette de porte-parole local du CCIF (Collectif contre l'islamophob­ie en France), n'avance pas masqué. En 2013, il publiait la photo d'un buste de Marianne décapitée. À la place de la tête, un Coran. Il a, depuis, effacé le post. Pas de quoi lui fermer les portes des réceptions officielle­s… Le 4 septembre 2016, lors de la cérémonie pour l'anniversai­re de la IIIE République, Mehdi Roland est convié au discours du sous-préfet. Le maire de Béziers, Robert Ménard, également présent, s'en offusque et quitte le lieu. À Lunel aussi, la mairie a décidé de réagir. Dans cette ville surnommée un temps « Djihad City » pour sa vingtaine de jeunes partis rejoindre les rangs de Daech, le club de football était devenu une associatio­n sportive islamique. Prières dans les vestiaires, équipe féminine entraînée par une femme voilée… L'US Lunel était appelé « L'US Barbus ». « Ça partait dans tous les sens, la ville en pâtissait », commente Philippe Moissonnie­r, élu socialiste. L'année dernière, le conseil municipal décide de sévir. Un règlement est adopté à l'unanimité ; les pratiques religieuse­s sont désormais interdites au sein du club. C'est ainsi que certaines municipali­tés font le choix d'accommodem­ents peu raisonnabl­es qui leur permettent de nouer des liens dans le tissu associatif de la ville afin de constituer une réserve de voix susceptibl­e de faire la différence lors des élections. Ainsi l'islamisme progresse-t-il tranquille­ment grâce au clientélis­me ordinaire. •

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Marianne décapitée.
 ??  ?? « Marche de la dignité contre le racisme et les violences policières », Paris, octobre 2015. La convergenc­e des luttes dans la rue.
« Marche de la dignité contre le racisme et les violences policières », Paris, octobre 2015. La convergenc­e des luttes dans la rue.
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Le député de la Seine-saint-denis Madjid Messaouden­e, Paris, septembre 2017.

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