2006, l'autre insurrection de Budapest
Un vieux Hongrois arrête devant un cordon de policiers le char soviétique T-34 qu'il a volé dans les rues de Budapest. L'image spectaculaire a frappé les consciences le 23 octobre 2006, date anniversaire de l'insurrection de 1956. Quelques semaines plus tôt était révélé le contenu d'une réunion à huis clos du Parti socialiste. Dans cet enregistrement, le Premier ministre Ferenc Gyurcsány avouait mentir comme un arracheur de dents et déclarait que sa frénésie de cadeaux clientélistes avait conduit le pays au bord de la banqueroute. Révoltés par ce double langage, des milliers d'émeutiers assiègent le Parlement et le bâtiment de la télévision d'état jusqu'à laisser craindre un putsch contre le gouvernement fraîchement reconduit. Mais l'opposition était profondément divisée quant à la stratégie à suivre. D'un côté, les nationalistes révolutionnaires du Jobbik appelaient au coup de force sur le modèle de la révolution orange ukrainienne. De l'autre, le Fidesz mené par Orbán poursuivait une option légaliste, déposant une motion de censure pour contraindre les députés libéraux à se solidariser avec leur allié socialiste. Cahin-caha, l'attelage social-libéral se maintiendra au pouvoir jusqu'au raz-de-marée Orbán de 2010, tandis que le Jobbik grimpera de 2 à 15 % des suffrages.