Les rats sont entrés dans Vierzon

La France périphérique ne sait vraiment plus quoi faire pour imiter Paris. Il suffit que la presse nationale déplore la recrudescence des rats sur les quais de la Seine, dans les jardins et les poubelles pour que nos amis ruraux cèdent à cette mode étrange. À 170 kilomètres du bureau d'anne Hidalgo, le village de Theillay (Loir-et-cher), 1 300 habitants, a ainsi subi l'invasion de milliers de rats au cours de la première quinzaine de février. Alerté par des riverains, le quotidien régional La Nouvelle République a sonné le tocsin : les rongeurs affluent jusqu'aux portes de Vierzon, 11 kilomètres plus loin. Joint par Causeur, le maire de Theillay, Gérard Chopin, explique le phénomène par une conjonction de facteurs : « Cet automne, la saison a été favorable à la reproduction des rats. Des crues ont inondé leurs galeries et ils sont remontés affamés vers la faisanderie du village. » Car Theillay héberge un élevage de gibier dont les écuelles de grains attirent la convoitise des nuisibles. Or, depuis l'ouverture de la chasse en Sologne, le gibier et sa nourriture s'en sont allés, laissant les rats accourus sur leur faim. Chez les rats des champs, c'est la débandade : les plus coriaces attaquent les chats et les chiens du voisinage, les dépressifs se laissent écraser sans résistance comme de vulgaires lemmings se jetant dans l'océan. « Désemparé », le maire a enjoint le propriétaire de la faisanderie de dératiser au plus vite. En attendant la fin de la crise, l'édile s'en remet aux bonnes vieilles méthodes : rouler en voiture sur les rats ou les déchiqueter d'un coup de carabine. Avec le concours de la SNCF, une solution plus écolo aurait pourtant été possible : faire venir des milliers de chats errants à Theillay pour transformer les prédateurs en proies, comme l'armée rouge sut le faire durant le siège de Leningrad. •