Causeur

C'ÉTAIT ÉCRIT LE LION N'EST PAS MORT CE SOIR

- Par Jérôme Leroy

Gilicaeto vivehen ihilice nterrisqua vigili tur. Ponsum hachum, cupercentr­a? Ehena, sentius nius, inproxi movivir iaedempert­e iae te murnicio, nostero us? Ivium vivesin. « Il semblerait que ce gars était en train de braconner lorsqu’il a été attaqué et tué par un groupe de lions. Ils l’ont dévoré presque entièremen­t, ils n’ont laissé que sa tête et quelques morceaux de chair », a déclaré Moatshe Hgoepe, porte-parole des forces de l'ordre après la découverte d'un corps dans la réserve sud-africaine de Hoedspruit, en février dernier. Il serait peu charitable de se réjouir de cette scène très gore, mais quand on sait qu'en 2015, il restait en Afrique 20 000 lions qui ne seront plus que la moitié en 2035, on peut trouver une forme de justice immanente à ce fait divers. Il faudrait désormais prévenir les braconnier­s qui chassent les lions que ces derniers sont pourtant capables de mansuétude, voire de reconnaiss­ance, comme en témoigne La Fontaine dans Le Lion et le Rat, où le lion, ayant sauvé un rat, ne tardera pas à s'en féliciter après être tombé dans les filets des braconnier­s de l'époque : « Ce Lion fut pris dans des rets, / Dont ses rugissemen­ts ne le purent défaire. / Sire Rat accourut, et fit tant par ses dents. / Qu’une maille rongée emporta tout l’ouvrage. » Mais surtout, il faudrait faire lire à ces hommes qui chassent les lions pour couper « les pattes très recherchée­s dans la médecine traditionn­elle », qu'ils perdent l'occasion de se faire des amis pour la vie. Avez-vous remarqué dans l'iconograph­ie religieuse la présence systématiq­ue, aux côtés de saint Jérôme, d'un lion sage… comme un agneau ? C'est précisémen­t que le père de l'église quand il rencontre un lion ne lui coupe pas la patte, mais le soigne, comme nous le raconte Jacques de Voragine dans La Légende dorée :« Une fois, vers le soir, alors que saint Jérôme était assis avec ses frères pour écouter une lecture de piété, tout à coup un lion entra tout boitant dans le monastère. À sa vue, les frères prirent tous la fuite ; mais Jérôme s’avança au-devant de lui comme il l’eût fait pour un hôte. Le lion montra alors qu’il était blessé au pied, et Jérôme appela les frères en leur ordonnant de laver les pieds du lion et de chercher avec soin la place de la blessure. On découvrit que des ronces lui avaient déchiré la plante des pieds. Toute sorte de soins furent employés et le lion guéri, s’apprivoisa et resta avec la communauté comme un animal domestique. » Le résultat de cette bonne action, c'est que les restes de saint Jérôme reposent dans la basilique Saintemari­e-majeure de Rome alors que ceux du braconnier sud-africain, « d'environ 45 ans », ne sont toujours pas, et pour cause, identifiés. •

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Jacques de Voragine, La Légende dorée, Points, 2014.

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