Causeur

Résurrecti­on artificiel­le

Par François-xavier Ajavon

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Jadis, pour réussir un bon hold-up, il fallait réunir une équipe de malfrats expériment­és, préparer chalumeau, chignole, stéthoscop­e, et choisir le parfait coffre-fort. Aujourd’hui, il suffit de prendre rendez-vous avec le directeur de votre succursale bancaire muni d’un dossier de demande de financemen­t sur lequel est écrit « intelligen­ce artificiel­le » (IA). Si tout se passe bien, le banquier ouvre le coffre, et vous donne ce que vous voulez… Car L’IA sert à tout. Donc à rien. Elle génère par exemple une « météo émotionnel­le » des marchés, grâce à la start-up Sesamm : « Passées au crible de ses algorithme­s internes, sociétés cotées, parités monétaires, matières premières ou cryptomonn­aies livrent le secret de l’appréciati­on des foules, une donnée que les investisse­urs ne trouveront nulle part ailleurs. » L’entreprise croît et y croit. Ailleurs, dans Le Point, le « dominicain geek » [sic] Éric Salobir se fait tirer le portrait. Cherchant à convertir le pape François à l’intelligen­ce artificiel­le, il a organisé début mars au Vatican un « hackathon » : pendant trente-six heures, 100 étudiants planchent sur des solutions high-tech pour venir en aide aux migrants. Sans pénétrer jusqu’aux voies du Seigneur, L’IA nous promet aussi de pouvoir reparler à nos morts. Et pour un prix très modique. Une équipe russo-américaine a ainsi développé un « chatbot » ou robot virtuel alimenté par d’anciennes conversati­ons numériques entre un homme mort du cancer et ses proches. Résultat : son fils James peut toujours échanger avec lui via Facebook Messenger. Quel enfer ! •

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