Économie : le nain Poutine
Ce n'est pas un scoop : les tensions entre Moscou et le camp occidental ne cessent de croître au point que certains reniflent des vapeurs de guerre froide. Après la Géorgie (2008), l'ukraine (2014) et la Syrie (2015), un nouveau front diplomatique s'est ouvert au Royaumeuni avec l'affaire Skripal, du nom de cet agent double russe empoisonné en pleine rue. Or, le retour brutal et spectaculaire de la Russie postsoviétique sur le devant de la scène internationale cache une très grande vulnérabilité économique. Dans l'étatmajor russe, nul n'a oublié les images du porte-avions Amiral Kouznetsov, dépêché en Syrie en 2016, qui dégageait des colonnes de fumée noire révélant sa vétusté. Compte tenu de l'état de ses finances, le Kremlin a pris des risques déraisonnables ces dernières années. Après l'annexion de la Crimée en 2014, l'occident a infligé une série de sanctions économiques à Moscou, hésitant alors à l'exclure du Swift (Society for Worldwide Interbank Financial Telecommunication), le « système sanguin » de l'économie mondiale qui assure les transferts d'argent entre la quasi-totalité des banques. Le danger était tel que le Premier ministre russe Dimitri Medvedev avait menacé d'une réaction « illimitée » en cas d'exclusion. Autrement dit, une telle décision signifierait une déclaration de guerre contre la Fédération russe. Totalement dépendante du système bancaire international, Moscou n'exporte pas grand-chose en dehors des hydrocarbures, de quelques matières premières et du matériel militaire. Ainsi, entre janvier et février derniers, les États-unis lui ont acheté pour 2,8 milliards de dollars de biens et services pendant qu'ils faisaient… 85 milliards d'emplettes sur le marché chinois ! Autre symptôme de faiblesse, lorsque la Bourse de Moscou a chuté de 8 % début avril, les marchés occidentaux et asiatiques n'ont pas bronché. Poutine n'a donc aucun intérêt à jouer à la roulette russe avec les nerfs occidentaux.