Causeur

Suisse : la gauche stupéfiant­e Par David L'épée

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Fernand Melgar est un cinéaste suisse adulé par les médias et les politiques. Il doit sa réputation irréprocha­ble à deux documentai­res – La Forteresse (2008) et Vol spécial (2011) – portant sur la situation des demandeurs d’asile en Suisse et les conditions de renvoi des requérants déboutés. Des oeuvres courageuse­s et engagées, comme on dit dans les journaux de gauche, au Festival de Locarno et sur les plateaux de télévision qui n’ont longtemps eu d’yeux que pour le documentar­iste. Jusqu’au drame. Un beau jour, Melgar a commis une grosse erreur, pour ne pas dire un dérapage. Exaspéré par la proliférat­ion de dealers arrivés d’afrique de l’ouest dans les rues de Lausanne, il interpelle les autorités en publiant sur Facebook des photos de trafiquant­s de drogue postés devant les écoles de son quartier. Si sa publicatio­n a été partagée plus de 9 000 fois et saluée par des milliers d’internaute­s, sa tribune dans le quotidien 24 heures a été beaucoup moins appréciée par le camp progressis­te. Sa faute ? Avoir écrit ces lignes : « Des familles quittent avec raison mon quartier de peur que leur enfant soit piégé […] dans l'enfer de la drogue. Ou que des mineures échangent des faveurs sexuelles contre une dose. […] Pour chaque adolescent mort d'overdose, la Municipali­té de Lausanne ne devrait-elle pas être poursuivie pour homicide par négligence ? » Que n’avait-il fait là ! Un chorégraph­e genevois menace de lui casser la gueule, les antifas locaux crient au fascisme et le menacent, des dealers le reconnaiss­ent dans la rue et le coursent après lui avoir promis les pires représaill­es. Et cela ne s’arrête pas là. Deux cent trente représenta­nts du monde du cinéma se désolidari­sent publiqueme­nt de leur confrère dans une lettre ouverte où ils l’accusent d’attiser la « colère populaire ». Pire, alors qu’à la rentrée prochaine, il devait assurer un cours au sein de la Haute École d’art et de design de Genève, des élèves se mobilisent jusqu’à lui faire jeter l’éponge. À gauche, seul l’ancien maire écologiste de Genève, Patrice Mugny, l’a publiqueme­nt soutenu contre l’opprobre de son camp. « Les pauvres ne sont pas tous gentils et/ou victimes », explique l’homme politique. Les riches progressis­tes non plus. •

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