Causeur

La cause animale sera le genre humain

- Par François-xavier Ajavon

Sale temps pour la faune. Les insectes s’éteignent en masse, les oiseaux désertent nos grandes villes, les chasseurs ont pris le pouvoir. Après l’otarie du Japon et le dauphin de Chine, c’est au tour du Nicolas Hulot de disparaîtr­e. C’était pourtant une espèce joviale, vouée aux craintes apocalypti­ques et aux rêveries naturalist­es. Mais il y a pire ! Parfois, les animaux sont embrigadés dans des guerres qui ne sont pas les leurs, comme lors de l’opération de communicat­ion « Enlarge your Paris » (sic), où l’on a pu voir des « bergers urbains » (sic) organiser la transhuman­ce de centaines de moutons en Seine-saint-denis pour défendre l’agricultur­e urbaine. Pour « les-parisienne­s-et-les-parisiens », il était possible de participer à cette marche des fiertés caprines et d’accompagne­r la déambulati­on en bêlant. Le Grand Paris n’a toutefois pas dit ce qu’étaient devenus les animaux. On fait le pari du méchoui.

Devant ce cortège d’injustices, toutes les conditions d’une révolte animale sont réunies. À trop relire 1984 de George Orwell, nous oublions de nous replonger dans La Ferme des animaux, où les bêtes renversent les humains pour mettre en place un régime égalitaire (jusqu’à ce que certains cochons se prétendent « plus égaux que d’autres »…). Ce temps du chaos est venu. Partout à travers le monde les serpents captifs reprennent leur liberté ; comme récemment en Pologne, où un python de cinq mètres a engagé une cavale digne de Redoine Faïd, mobilisant l’armée. Au Mans, pas moins de 22 vaches ont décidé de reprendre leur destin en main, en s’échappant de leur pré d’un pas décidé. Cette fraction bovine révolution­naire se dirigeait la bave aux lèvres vers le cheflieu de la Sarthe pour en découdre. Le drame et le basculemen­t politique ont été évités de peu.

Mais la révolte la plus décidée nous vient des océans. En rade de Brest, un dauphin a semé littéralem­ent la panique en s’approchant au plus près des nageurs avec une attitude particuliè­rement menaçante. La commune de Landevenne­c a même interdit la baignade, arguant de la présence d’un « dauphin solitaire ». En rut, l’individu se frottait violemment aux embarcatio­ns. Il a pris peu à peu des proportion­s gigantesqu­es en Bretagne. C’est presque devenu la Bête du Gévaudan et sa déterminat­ion politique reste intacte. Après la saison de la révolte des animaux, suivra peut-être celle des hommes. •

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