Un ayatollah
La France serait-elle en danger parce que la plupart des Français d’origine africaine donnent à leurs enfants des prénoms africains, comme de nombreux parents basques ou bretons, soit dit en passant, choisissent désormais des prénoms basques ou bretons ? On ne peut dénier à Éric Zemmour sur ce chapitre le mérite de la continuité… et de la cohérence. Dans Destin français, il déplorait aussi que beaucoup de parents juifs préfèrent aujourd’hui des prénoms bibliques. Il est fier de se prénommer Éric, plutôt que Samuel ou Nathan. Du temps où il était journaliste, et un bon journaliste, Zemmour se serait interrogé sur les raisons de ce qui constitue effectivement un basculement, en contravention avec le principe d’assimilation. Et il y aurait vu le signe d’une communautarisation de la société française. En bon républicain, il l’aurait déplorée, mais se serait demandé si le phénomène était purement hexagonal ou au contraire mondial. Là encore, le diagnostic est évident. « On est à l’ère des identités multiples », comme l’explique Daniel Cohn-bendit : il n’existe plus de pays où les immigrés soient sommés de renoncer à leur culture d’origine. Partout, le modèle anglo-saxon l’emporte sur le modèle français. À nouveau, le républicain Zemmour aurait versé une larme, mais aurait sans doute fini par relativiser la portée de cette défaite culturelle : la France a survécu à de véritables déroutes ! Le problème est qu’éric Zemmour a versé dans la case ayatollah : l’intolérance est désormais son pain quotidien. Aussi bien sur le fond que sur le ton : sa violence face à Hapsatou Sy et à Natacha Polony, à la télévision, révèle, outre un misogyne patenté, un homme au bord de la crise de nerfs. Tout contradicteur l’insupporte ! Lui seul détient la vérité. Tous les autres sont des aveugles. Pire, des criminels : ils laissent les musulmans prendre le contrôle du territoire français sans réagir ! Alors, ex-confrère, juste un conseil : si tu crois vraiment que la France va « vers une guerre civile », au moins évite aujourd’hui un comportement de guerre civile.