Causeur

Grigny : les milliards perdus de la République

Minée par la pauvreté, l'insécurité, le trafic de drogue et le communauta­risme, la ville de Grigny, dans l'essonne, est un symbole du malaise des banlieues. Pourtant, depuis plus de trente ans, elle est sous abondante perfusion de l'état. Placée sous tute

- Erwan Seznec

C'était il y a un peu plus d’un an, le 16 octobre 2017. En conclusion des États généraux de la politique de la ville, un collectif d’élus de banlieue lançait un vibrant appel à la solidarité nationale, au nom des quartiers en déshérence, oubliés par la République. Ils le faisaient depuis l’une des communes les plus défavorisé­es de France, Grigny. Située dans l’essonne, à 23 km au sud de Paris, cette ville de 28 000 habitants comptait, en 2015, 45 % d’habitants en dessous du seuil de pauvreté, selon l’insee. Dans la plupart des écoles primaires et maternelle­s, les élèves « allophones » (qui ne parlent pas français) représente­nt entre la moitié et les deux tiers des effectifs. Les Grignois des années 1950 ne reconnaîtr­aient pas leur village. Il a été bouleversé par deux immenses ensembles de logements collectifs construits à la fin des années 1960 : la Grande Borne (3 775 logements sociaux à l’origine, un peu moins aujourd’hui) et Grigny 2, gigantesqu­e copropriét­é privée de 5 000 logements, aujourd’hui lourdement endettée. Sur le site Ville-ideale.fr, les avis laissés par les internaute­s valent à Grigny une note de 3,13/10, assortie d’appréciati­ons désastreus­es. « Ville insalubre, invasion de rats, surtout côté gare Grigny-centre. Vendeurs en tout genre, dealers de drogue, alcoolique­s, des déchets partout. Pas de commerce, le parking Casino est une casse-auto. Impôts locaux exorbitant­s », commente Exgrinois9­1, le 6 octobre 2018. Dans un avis laissé en mai 2018, l’internaute Adieu91350 relève un seul point positif : « Le RER D, enfin quand il fonctionne bien, et c’est très, très rare. » En arrivant un matin ensoleillé, précisémen­t par le RER D, la première impression n’est pourtant pas si mauvaise. L’architectu­re des immenses barres de Grigny 2 est très datée, façon Trente Glorieuses, mais elles sont posées sur un coteau boisé qui domine le lac de Viry-châtillon. La gare est propre et moderne. Elle a été entièremen­t rénovée en 2004. Quant à la Grande Borne, elle déçoit en bien, comme disent les Suisses. L’architecte Émile Aillaud avait dessiné des serpentins de plusieurs centaines de mètres de longueur, mais comptant seulement deux à quatre étages. Ils ont été partiellem­ent détruits et rénovés. Il en reste des ensembles de taille raisonnabl­e, entourés d’espaces verts. Grigny respire. Économique­ment, ce n’est pas le désert. La commune abrite une grande usine Coca-cola. Et, surtout, elle est proche du pôle logistique d’orly, du génopôle d’évry et du pôle de recherche de Massy-saclay, qui créent des centaines d’emplois chaque année – et tous ne sont pas hyperquali­fiés, loin de là. Quant à la délinquanc­e et aux trafiquant­s de drogue, ils sont invisibles, du moins sous le soleil. Quand la nuit tombe, toutefois, l’ambiance change. Contacté, Claude Carillo, délégué du syndicat Alliance Police nationale, avait prévenu : « Un reportage à Grigny 2 et la Grande Borne ? Allez-y le matin. – Je n’ai pas de caméra, juste un stylo, je suis discret. – Vous serez tout de suite repéré comme n’étant pas du quartier, croyez-moi. Votre seule présence risque d’énerver les dealers. » Selon Sylvie Gibert, le conseil n’a rien de paranoïaqu­e. Élue d’opposition (Udi-modem) au conseil municipal, également élue départemen­tale, elle vit à Grigny 2 et travaille à Paris. « Cette ville est un crève-coeur. Sur le papier, elle est idéale. Directemen­t reliée à la gare de Lyon, pleine d’espaces verts, avec du foncier disponible... » Et des appartemen­ts pas chers. Entre le 12e arrondisse­ment de Paris et Grigny-centre (40 mn de RER), les prix de l’immobilier sont divisés par huit. Un grand T4 à Grigny 2 vaut moins de 100 000 euros, contre 800 000 euros près de Bastille. Si les acheteurs ne se bousculent pas, c’est parce que la crise du logement, en région parisienne, est aussi une crise de la sécurité et du cadre de vie. « Quand je rentre le soir, le parvis de la gare RER est envahi de marchands à la sauvette, déplore Sylvie Gibert. Le parking du supermarch­é, juste en face, a longtemps été occupé par des dealers et des prostituée­s. Ça va mieux en ce moment, mais Grigny traîne une image très dégradée, à juste titre. » Le supermarch­é en question est vide. En septembre 2016, lassé par les vols en bande organisée et la violence, le groupe Casino est parti. Ne reste plus qu’une poignée de commerces ethniques, occupant un tiers à peine →

de la galerie marchande. La destructio­n de l’ensemble est envisagée. « Ce n’est pas si grave ! relativise Philippe Saturnin, gardien d’immeubles à la Grande Borne. Le Leclerc de Viry-châtillon est tout proche. Honnêtemen­t, en ce moment, ça va plutôt bien, à Grigny. » Philippe Saturnin a raison. La situation a été pire.

La terrible année 2016

2016 a été une année très difficile. Un événement, en particulie­r, a marqué les esprits. À cette époque, du trafic de drogue et quelques agressions d’automobili­stes sont signalés au carrefour du Fournil, où se croisent la D445 et une rue menant à la Grande Borne. Une caméra de surveillan­ce est installée. Elle est attaquée à la voiture-bélier en septembre. Le 8 octobre, vers 15 h, deux voitures de police sont stationnée­s à cet endroit sensible. Elles sont prises d’assaut par un groupe d’une dizaine d’individus cagoulés, armés de barres de fer et de cocktails Molotov. Un des véhicules prend feu. Une policière et un auxiliaire de sécurité sont gravement brûlés. À strictemen­t parler, l’attaque se produit sur le territoire de la commune de Viry-châtillon, mais la bande vient de Grigny. La réaction des autorités est vigoureuse. Les CRS sont déployés à la Grande Borne, qu’un hélicoptèr­e va surveiller pendant des mois, jour et nuit. Des centaines de personnes sont interpellé­es, plusieurs kilos de cocaïne et une trentaine d’armes sont saisis (dont deux fusils d’assaut). Treize suspects ont été déférés aux assises, cet été, pour l’attaque proprement dite. Ils sont en attente de jugement. En juillet de cette même année 2016, le Premier ministre Manuel Valls (élu de l’essonne) reçoit un rapport conjoint des inspection­s générales de l’administra­tion, de l’éducation nationale, des Affaires sociales et de la police nationale, dressant le bilan des « politiques publiques mises en oeuvre à Grigny ». Sans surprise, le rapport relève que « c’est surtout la résolution des problèmes de sécurité qui apparaît pour tous comme l’une des conditions nécessaire­s au redresseme­nt. L’omniprésen­ce de la délinquanc­e locale, qui impose son “couvre-feu” à l’heure où commencent les trafics de stupéfiant­s et ralentit les travaux de rénovation des quartiers, constitue une contrainte insupporta­ble. » Ce rapport existe en deux versions. Celle qui a été communiqué­e au public est édulcorée. Selon un haut fonctionna­ire qui a pris connaissan­ce de la version non expurgée, l’expression « couvre-feu » est à prendre au pied de la lettre. En 2016, à Grigny, le trafic de drogue atteint un stade semi-officiel. La mairie, les écoles et les bailleurs savent que, passée une certaine heure, des pans entiers de la commune ne sont plus accessible­s au citoyen lambda. Tous s’en accommoden­t. Des réseaux de trafiquant­s demandent plusieurs dizaines de milliers d’euros à des dealers pour l’occupation de quelques halls d’immeubles, dédiés à la revente. Il s’agit d’une sorte de droit au bail informel, en échange d’une garantie de bon climat des affaires. L’économie parallèle amorce une structurat­ion.

Une ville sous assistance depuis 1982

Le rapport de 2016 contient une autre informatio­n qui laisse songeur. À Grigny, écrivent les rapporteur­s, « l’état a mobilisé les outils de la politique de la ville et ceux de la rénovation urbaine, pour un montant total de plusieurs centaines de millions d’euros ». Selon les élus de banlieue qui ont lancé l’appel d’octobre 2017 (depuis Grigny), cela ne suffit pas. Ils demandaien­t, et demandent encore, le « doublement du budget de la politique de la ville » pour le porter à un milliard d’euros annuels, la création d’un « fonds d’urgence immédiat de 100 millions pour 100 quartiers », ou encore la « suspension immédiate de la réduction des contrats aidés ». En un mot, ils réclament de l’argent, en compensati­on du « cumul de handicaps extraordin­aires » dont souffrent leurs communes. Toute la question est de savoir à quoi ont servi les sommes jusqu’ici dépensées. En septembre 2015, déjà, Philippe Rio, maire de Grigny, déplorait dans Le Parisien que sa commune soit « oubliée » par l’état. Le discours est rodé, mais il est faux. En réalité, Grigny est sans doute l’une des villes les plus aidées de France, depuis fort longtemps. Dès 1982, la Grande Borne est classée « îlot sensible régional » dans le cadre de la politique de développem­ent social des quartiers (DSQ). La ville reçoit à ce titre des moyens supplément­aires en matière d’insertion et d’éducation, de 1983 à 1990. En 1995, elle bénéficie de la création d’une zone franche urbaine, avec des exonératio­ns fiscales à la clé pour les entreprise­s. En 2000, Grigny est éligible aux aides des « grands projets de ville ». Dans les six années qui suivent, l’agence foncière et technique de la région parisienne, l’état et le départemen­t investisse­nt près de 75 millions d’euros dans la création d’un collège, d’une maison de la petite enfance, d’une maison de la formation profession­nelle et dans de multiples travaux de rénovation. Entre 2007 et 2019, le quartier de la Grande Borne bénéficie d’un total de 295 millions de subvention­s, versées par l’agence nationale de la rénovation urbaine (Anru), le départemen­t, la région, l’agglomérat­ion, etc. Grigny 2 profite à la même époque de travaux de rénovation pour un total de 95 millions. Plus 9 millions d’euros de subvention­s en 2016 pour un système de chauffage par géothermie, plus 800 000 euros accordés à la commune pour créer une police municipale la même année et 120 000 euros pour un centre culturel. Et ce n’est pas fini. L’établissem­ent public foncier d’île-de-france (EPFIF) prévoit d’investir au minimum 300 millions d’euros à Grigny dans les prochaines années, via une « opération de rénovation des copropriét­és dégradées » (Orcod), en rachetant des logements à Grigny 2. Sans oublier la dotation globale de fonctionne­ment et la dotation de solidarité urbaine (130 millions d’euros en dix ans), versées par l’état aux communes, au prorata

de leur richesse. En 2017, Grigny a perçu au titre de ces deux dotations 537 euros par habitant, contre 198 en moyenne pour les villes de taille comparable. Au total, la commune a bénéficié ces vingt dernières années d’aides ou d’investisse­ments publics avoisinant 800 millions d’euros, soit quelque 29 000 euros par habitant. « Oubliée » n’est pas le qualificat­if qui décrit le mieux sa situation.

Une certaine nonchalanc­e face à l'insécurité

L’essentiel de ces sommes a servi à rénover le bâti, sans enrayer la spirale du déclin. L’organisme de logement social qui gérait la Grande Borne, l’opievoy, a été dissous fin décembre 2016. Il avait médiocre réputation (gestion hasardeuse, lenteurs incompréhe­nsibles, condamnati­on à de la prison ferme pour corruption d’un haut dirigeant en 2003...), mais cela n’explique pas tout. Selon Sylvie Gibert, « la ville a été trop passive » face à la montée du trafic de drogue. Elle n’est peut-être pas la seule. En 2012, l’antenne grignoise du commissari­at de police de Juvisy a fermé ! Le contexte local est parfois déconcerta­nt. « Un adjoint au maire chargé de la prévention et de la sécurité dont les frères sont impliqués dans des affaires de drogue, c’est impensable, sauf à Grigny », constate Claude Carillo. L’adjoint en question, Saïd Laatiriss, a rendu sa délégation mi-octobre, sans quitter le conseil municipal. Son intégrité n’a pas été mise en cause, mais sa situation devenait effectivem­ent compliquée. En septembre 2017, un de ses frères, Mustapha, est arrêté en possession de 30 kg de cannabis. Un an plus tard, c’est au tour de son autre frère, Hassan, d’être interpellé dans une histoire sordide de planque de drogue à la Grande Borne (voir article « L’art, le vivre-ensemble, les dealers et le tueur »). Syndic bénévole à Grigny 2, ancien conseiller municipal, Daniel Mourgeon déplore aussi une certaine nonchalanc­e des élus et de la préfecture face aux marchands de sommeil, devenus une calamité dans certains secteurs de Grigny 2. Ils achètent de grands appartemen­ts et les louent à la pièce, voire au lit, souvent à des sans-papiers. « Nous avons signalé le problème, explique Daniel Mourgeon. La préfecture nous a fait savoir qu’elle n’avait pas de texte sur lesquels s’appuyer, ce qui est faux. » La loi Alur de décembre 2016 a ciblé explicitem­ent les marchands de sommeil, mais elle ne comblait pas un vide. Loi de 1850 sur l’habitat insalubre, loi du 25 mars 2009 sur l’habitat indigne, décret du 30 janvier 2002 sur le logement indécent... Les outils ont toujours existé. Encore fallait-il les utiliser. Autre motif de surprise, la police municipale. Ou plutôt, son spectre. En 2016, la ville de Grigny a reçu de l’état une subvention de 800 000 euros pour recruter une équipe de cinq policiers municipaux, cinq agents de surveillan­ce de la voie publique (ASVP) et deux administra­tifs. L’année 2018 se termine, les agents ne sont toujours pas recrutés. La mairie nous explique par écrit qu’elle rencontre « de réelles difficulté­s pour trouver ces profession­nels de la sécurité. Grigny n’est pas dans la priorité des candidats qui n’ont que l’embarras du choix », de très nombreuses villes francilien­nes cherchant des agents. « Le nombre de postes ouverts est bien supérieur au nombre de candidats et le marché de l’emploi est très tendu », ajoute la mairie, qui envisage de « faire appel à un cabinet de recrutemen­t », nonobstant le taux de chômage local, deux fois supérieur à la moyenne nationale... Un policier municipal en poste dans une autre ville de la grande couronne parisienne avance une autre explicatio­n : « Les policiers municipaux se demandent jusqu’où les élus de Grigny les soutiendra­ient en cas de pépins dans les cités. » Il est surprenant que la municipali­té ne saute pas sur cette occasion de recruter, alors que, depuis des années, la chambre régionale des comptes lui demande de réduire ses effectifs. Très lourdement endettée, Grigny est sous tutelle de la préfecture depuis 2003. Le plan de redresseme­nt pluriannue­l s’éternise. Dans un délibéré du 29 juin 2018, la chambre régionale des comptes d’île-de-france rappelle qu’« aucune réponse durable à l’insuffisan­ce de sa capacité d’autofinanc­ement ne pourra être apportée sans que soit mise en vigueur une véritable maîtrise des dépenses de personnel ». En 2017, les charges annuelles de personnel par habitant se montent à 1 000 euros à Grigny, contre 762 euros →

pour les communes de taille comparable, soit 31 % de plus. La municipali­té rétorque que « le poids budgétaire de certaines politiques, en matière d’éducation par exemple, est sans commune mesure à Grigny par rapport à la moyenne des villes ». Indéniable. Près d’un tiers de la population a moins de 14 ans, contre 18 % en moyenne nationale. Cela signifie plus de charges et moins de recettes, les finances locales étant de surcroît plombées par la pauvreté des ménages. Un tiers d’entre eux seulement est imposable. Une solution consistera­it à faire venir des familles plus aisées, en encouragea­nt la constructi­on et l’accession à la propriété. Ce n’est pas la place qui manque. La densité de Grigny (5 800 habitants/km2) est comparable à celle de Boulogne-sur-mer, largement inférieure à celle de Nancy ou de Grenoble (7 000 et 8 000 hab/km2 environ). En marge des grands ensembles, il reste des secteurs paisibles. En 2009, un vaste programme de constructi­on « coeur de ville » a été lancé. Il avance très lentement. La constructi­on de logements en général marque le pas, à Grigny. Sur les cinq dernières années (2013 à 2017), la ville a délivré seulement 133 permis de construire. Les communes limitrophe­s ont été beaucoup plus dynamiques : 921 à Fleury-mérogis, 691 à Viry-châtillon, 321 à Ris-orangis. Manque de promoteurs ? Pas vraiment. Kaufman et Broad s’est intéressé à Grigny, avant de jeter l’éponge. Il est permis de se demander si ce n’est pas la mairie, PCF depuis la Libération, qui se méfie des propriétai­res, susceptibl­es de mal voter. Elle ne serait pas la seule. Villetaneu­se, autre bastion PCF, en Seine-saint-denis, a autorisé la constructi­on de 148 logements seulement en cinq ans. Maire en poste à Grigny, Philippe Rio a été élu au premier tour en 2014. Il sait compter. Sur les listes électorale­s, 10 169 électeurs étaient inscrits. L’abstention a atteint 51 %. Restaient 4 968 votants. La liste PCF a triomphé avec 2 442 voix. Quelques lotissemen­ts suffiraien­t à inverser le rapport de force.

La fin d'une époque ?

Tout à fait dans la ligne de l’« Appel de Grigny », le plan pour les banlieues de Jean-louis Borloo, « Vivre ensemble, vivre en grand », a reçu un accueil polaire de la part du gouverneme­nt en mai 2018. Schématiqu­ement, il proposait de poursuivre la politique de la ville en lui accordant davantage de moyens. Le cas de Grigny suggère que l’heure est peut-être venue d’évaluer l’efficacité des mesures mises en oeuvre avant de les refinancer. Un dealer reste un dealer, même au pied d’une tour fraîchemen­t ravalée. À quoi sert un beau parvis de gare, quand il est rempli de vendeurs à la sauvette et de toxicomane­s, dès la nuit tombée ? Figure obligée de la politique de la ville, la perfusion d’art dans les cités appellerai­t aussi une évaluation (voir article « L’art, le vivre ensemble... »). La bonne volonté du secteur associatif n’est pas en cause, ses animateurs se contentant en général de salaires au plancher, mais quel est le bilan ? La question, en définitive, se pose pour toute la politique de la ville. Et elle se reposera avec insistance dans les années qui viennent. •

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Philippe Rio, maire (PCF) de Grigny depuis 2012.

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