Causeur

MÉLENCHON : ON NOUS CACHE TOUT, ON NOUS DIT RIEN

Est-il bien raisonnabl­e de laisser un cinéaste déraisonna­ble commenter chaque mois l'actualité en toute liberté ? Assurément non. Causeur a donc décidé de le faire.

- Par Jean-paul Lilienfeld

On reproche souvent aux journalist­es de ne s’intéresser qu’aux petites phrases pour-fairedu-buzz. Et si les politiques arrêtaient plutôt de dire des conneries ? Parce que là, je sature grave. Inutile de revenir sur la mise en scène de la mélenchone­sque perquisiti­on ou sur le courage à géométrie variable de l’outre Jean-luc – gonflée de son importance dès lors que gardes du corps et caméras garantisse­nt sa sécurité et beaucoup moins guerrier lorsqu’il se retrouve à devoir assumer face au président ses accusation­s de xénophobie fièrement formulées quelques heures plus tôt. Personnell­ement, je ne suis pas choqué par cette perquisiti­on au service de l’enquête, qui doit être menée comme l’ont été celles visant monsieur Fillon ou madame Le Pen. En leur temps, les perquisiti­ons opérées à leur encontre avaient réjoui l’insoumis en chef. Ce qui me choque, c’est d’apprendre que Sophia Chikirou serait la compagne de JLM. Non pour des raisons morales. Que leurs corps et leurs coeurs exultent, grand bien leur fasse. Je dirais même qu’il a raison de verrouille­r sa vie personnell­e, les mauvaises langues ont trop vite fait de badbuzzer. Mais la verrouille­r au point qu’on trouve un de ses principaux prestatair­es dans son lit à 7 heures du mat, quel choc ! La patronne n’était pas très chaude pour ce passage. « La fin de la vie privée, c’est la barbarie, m’a-t-elle dit. Je suis pour protéger le secret en toutes circonstan­ces. Mais malheureus­ement, le chroniqueu­r est libre… » Eh bien moi, je ne suis pas pour le secret. Alors que Sophia Chikirou est accusée de malversati­ons par des Insoumis du Média et de surfactura­tions pendant la campagne présidenti­elle, s’il s’avérait que monsieur Mélenchon était en couple avec elle, cela ne serait pas anodin. Vous êtes d’accord avec ce que j’ai écrit jusquelà, je vous comprends. Car c’est exactement ce que je pensais jusqu’à ce que la réalité me soit révélée. Mes yeux se sont ouverts l’autre soir grâce à deux témoins de Mélenchon qui faisaient du porte-à-porte dans mon immeuble pour porter la bonne parole. Et ce qu’ils m’ont appris est terrifiant : rien de tout ce qu’on nous a raconté n’est vrai ! Il s’agit bel et bien d’un monstrueux complot politique ! On nous amuse avec ces éclats de voix et ces pantalonna­des, mais voici ce qui s’est réellement passé. Tout d’abord, il faut que vous sachiez que Léon Trotski n’a pas été assassiné. Adepte de randonnées dans la campagne mexicaine, Trotski nettoyait son piolet au retour d’une marche lorsque le coup

est bêtement parti tout seul. Une fois ce point d’histoire précisé, apprenez que, dans le louable souci d’économiser l’argent du contribuab­le, les juges ont décidé de mutualiser les perquisiti­ons politiques. Une seule équipe, un seul lieu, et surtout… un seul coupable. Le gain est évident. N’ayant pas eu l’opportunit­é de perquisiti­onner le domicile de Richard Ferrand pour cette malheureus­e polémique portant sur un bien acquis par sa compagne sans débourser un euro, puis loué aux Mutuelles de Bretagne, dont il était alors le directeur général, les magistrats, dans le souci louable de faire des économies, ont décidé de dépayser une nouvelle fois l’affaire. Après Brest, Paris et Lille en un an, c’est donc finalement au domicile de Jean-luc que les investigat­ions ont été menées. Grâce à cette astucieuse innovation procédural­e, nous pouvons enfin mettre au crédit de notre nouveau président de l’assemblée nationale l’absence totale du moindre commenceme­nt de preuve d’une infraction quelconque de sa part. En effet, à la suite de la perquisiti­on, nous sommes bien obligés de convenir que ni vous ni moi n’avons appris quoi que ce soit de nouveau sur cette affaire, preuve de l’innocence de monsieur Ferrand. Ce n’est pas tout ! Vous vous souvenez du coffre-fort de monsieur Benalla, qui a mystérieus­ement disparu dans la nuit suivant l’échec de l’ouverture de la porte de son domicile ? Vous vous souvenez que les policiers n’avaient finalement pas été en mesure de trouver un serrurier pour ouvrir la porte ni le matériel adéquat auprès de leurs collègues locaux. Il leur avait donc fallu attendre le lendemain matin pour leur perquisiti­on surprise… Eh bien, le coffre a miraculeus­ement réapparu dans le salon de Jean-luc ! Des documents y ont été saisis. Et c’est à Mélenchon qu’on va tenter d’imputer les fautes de l’ange de Jupiter. Un complot vous dis-je ! Mais ça n’est pas tout ! Ces suppôts du régime ont fait pire ! Sophia Chikirou a été droguée, ligotée et déposée en catimini chez Jean-luc en pleine nuit, à l’insu de son plein gré, par les sbires de la « Macronie » ! D’ou la stupéfacti­on bien légitime de Mélenchon, causée par la révélation par Mediapart de sa love story. D’où sa mise au point dans un Facebook live depuis un café le 20 octobre : Sophia Chikirou « n’est pas ma compagne ». Mais ça n’est pas tout ! Je sais de source sûre que les enquêteurs ont pris soin d’intercaler entre chaque facture de Mediascop, présidée par Sophia Chikirou, les nombreuses ristournes de GL Events au bénéfice de la campagne d’emmanuel Macron. L’éventuelle sous-facturatio­n de l’un étant ainsi mécaniquem­ent compensée par l’éventuelle surfactura­tion de l’autre. Vous commencez à comprendre ? Vous voyez de quelle manière le pouvoir tente d’instrument­aliser les Insoumis à son seul bénéfice ? Par conséquent, ne soyez pas dupe. Tout ce que l’on aura pu trouver à charge contre notre Maduro marseillai­s ne serait que montage et vile imposture. Ne croyez pas que l’outing un poil homophobe de Gabriel Attal, (le tout nouveau et tout jeune secrétaire d’état auprès du ministre de l’éducation nationale et de la Jeunesse) par maître Juan Branco, l’avocat de Jean-luc, vienne réellement des Insoumis. Comment pouvezvous gober qu’une force de gauche, progressis­te, ouverte et tolérante puisse tweeter : « Sympathiqu­e promotion-canapé pour Attal, pacsé à la ville avec le conseiller politique de Macron, qui récupère sans autre raison un maroquin ministérie­l » ? De même, vous vous doutez bien que jamais Jean-luc ne se serait moqué de l’accent du Sud-ouest d’une journalist­e. Pas plus qu’il n’aurait demandé à Cohn-bendit de le vousoyer alors que moult émissions antérieure­s le montraient tutoyant joyeusemen­t Daniel. Rien de tout cela n’est crédible, naïfs que vous êtes ! Vous voyez bien que ce n’est pas le vrai Jean-luc qui parle ! Comment avez-vous pu croire qu’un homme de sa stature, aspirant aux plus hautes fonctions, pourrait s’afficher devant les cameras, yeux exorbités, voix détimbrée par une hystérique colère et postillons multidirec­tionnels sur les représenta­nts de l’autorité ? Vous voyez bien que le pouvoir l’a kidnappé et remplacé par son hologramme depuis un bon moment ! Alors, tous avec moi, au nom du bien, de la démocratie, demandons la libération de “notre” Mélenchon, honteuseme­nt retenu dans les geôles de la Macronie ! Chantons ensemble « Jean-luc reviens, Jeanan-luc reviens parmi les tiens ». Exigeons la destructio­n de cet être virtuel malfaisant qui tente de faire passer Jean-luc pour un Jean Marie Le Pen de gauche : déni d’égalité devant la justice, complotism­e, abus de pouvoir, culte du chef, toujours prompt à la phrase-choc, l’insulte facile et le mépris de la presse, si elle s’écarte de la ligne… N’acceptons plus de laisser croire que JLM ne serait que l’anagramme de JMLP, avec juste un pet de différence. •

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