Comme on respire
En liberté !, de Pierre Salvadori Sortie le 31 octobre 2018
Le paysage de la comédie française est suffisamment sinistré pour qu’on se réjouisse haut et fort quand, presque comme par hasard, on en découvre une absolument réjouissante et réussie. Après la formidable noirceur joyeuse de Dans la cour, son précédent film, Pierre Salvadori revient en aussi grande forme avec cette nouvelle variation sur les ravages du mensonge, thème qui lui est cher, avec Comme elle respire. Ici, la double vie d’un flic de légende devenu ripou de haut vol est au centre d’une histoire menée tambour battant par sa veuve, bien décidée à ne pas assumer le lourd héritage financier et moral d’un mari devenu encombrant. Avec cette trame ultra claire, Salvadori multiplie les morceaux de bravoure à la fois visuels et narratifs, servis par une distribution au sommet de laquelle brille l’impériale Adèle Haenel, parfaite dans le rôle de cette Yvonne qui fait penser aux actrices des meilleures comédies américaines de l’âge d’or : culottée et craquante à souhait. On se surprend à s’étonner de la qualité des dialogues ciselés et des situations – sans l’habituel recours au stade anal, notamment, sur lequel bon nombre de scénaristes de comédies françaises semblent définitivement bloqués. Comme quoi le sevrage n’est jamais bon ! Cette comédie-là, dans son allant comme dans son exigence, traite le spectateur avec respect et considération, lui donnant même quelques conseils utiles pour la vie quotidienne : « Quand tu mens, juste avant, tu arrêtes de respirer », lance ainsi Yvonne la lucide. Point besoin de prendre notre souffle pour vous dire d’aller humer cet air de liberté. •