Des couilles dans le potage
Cet hiver, la chaîne de distribution Migros a mis sur le marché suisse des soupes « genrées » destinées aux enfants. Pour les garçons, une soupe « Champions » avec un footballeur dessiné sur le sachet et des flocons moulés en forme de ballons. Pour les filles, une soupe « Glamour Queen » dont l’emballage met en scène une fée modèle fashion victim qui propose une préparation vegan en forme de petites étoiles. Quelle extrémité cisgenre n’a-t-on pas atteinte ! Les réactions outrées n’ont pas tardé à fuser face à ce sommet de la réaction patriarcale. Sur Radio Lac, la correspondante en Suisse du Monde, Marie Maurisse, dénonce une « distinction rétrograde » et de « tendance réactionnaire des services marketing ». Sans plus tarder, le conseiller national PS Jean Christophe Schwaab écrit au distributeur pour demander le retrait ou la transformation de ces soupes. En gros, pour les rendre moralement acceptables, il faudrait sexuellement subvertir chacun des deux modèles en ouvrant la soupe masculine aux « championnes » et le potage féminin aux « glamour kings ». Si le stéréotype traditionnel est forcément condamnable, son inversion a un petit goût de trouble dans le genre apprécié des fans de Judith Butler. Et dans cette bataille, tous les coups sont permis. Ainsi, dans le quotidien 24 Heures, la journaliste Lucie Monnat dresse un parallèle audacieux entre les « stéréotypes patriarcaux sur les paquets de légumes lyophilisés » et la mort récente d’une pauvre femme sous les coups de son compagnon. C’est bien connu : qui commence par manger de la soupe pour footballeurs en herbe finira comme Bertrand Cantat ! •