Travailler en Finlande, c'est trop dur
Qui se souvient des débats de la dernière élection présidentielle ? Entre deux piques sur le prix des costumes de François Fillon et les émoluments perçus par son épouse, un sujet a fait l’objet d’une discussion de fond : le revenu universel. Lancé par Benoît Hamon, ce projet est expérimenté en Finlande depuis le 1er janvier 2017 sur 2 000 demandeurs d’emploi âgés de 25 à 58 ans. Ces heureux élus perçoivent 560 euros par mois à la place de l’allocation chômage dont ils bénéficiaient jusqu’alors. Un an plus tard, l’échec était déjà établi : le revenu universel n’a pas encouragé ses bénéficiaires à retrouver un emploi. Mais l’expérimentation continue et nous livre encore des enseignements précieux. Ainsi, les 2 000 chômeurs qui ont reçu 560 euros par mois n’ont pas travaillé davantage que leurs compatriotes au chômage, mais se sont déclarés sensiblement moins stressés et en bien meilleure santé. Ils se montrent aussi plus optimistes et plus confiants envers les politiques. Curieusement, les allocataires du revenu universel se font généralement plus volontaires dans leur recherche d’emploi à temps plein… sans pour autant arriver à leurs fins. On est tenté d’ironiser sur ce sentiment de bien-être, mais ses répercussions sur la santé et l’état général de la société seraient réelles, quoique difficilement quantifiables. En revanche, le coût de la mesure se révèle aisément quantifiable : chaque allocataire coûte à l’état finlandais 5 000 euros par an de plus qu’un chômeur ordinaire. À long terme, cette somme serait, selon les promoteurs de la mesure, compensée par la baisse des dépenses de santé. Mais ces calculs n’ont rien d’évident : fautil attendre la fin de vie des bénéficiaires pour évaluer leur « coût santé » total ? En tout cas, si l’efficacité économique du revenu universel reste à démontrer, il est définitivement prouvé que les vacances sont bonnes pour la santé. •