De l'ethnocratie en Amérique
Un siècle et demi après la fin de la guerre de Sécession, les flammes de la rancoeur couvent toujours sous le brasier de l’amérique postségrégation. Dans le Sud, le vieux Parti démocrate esclavagiste n’a pas encore rendu les armes. Ainsi, l’alabama et la Virginie comptent encore des dixiecrats, ces élus démocrates conservateurs qui se sont battus pour conserver un régime basé sur la séparation des races. Depuis début février, deux d’entre eux sont dans la tourmente. Ainsi, le comportement passé du procureur général Mark Herring et du gouverneur de Virginie Ralph Northam défraie la chronique du scandale. Photos à l’appui, ces deux notables sont accusés de pratiques racistes au cours d’une vieille soirée estudiantine à laquelle ils participaient. Le premier s’était enduit le visage de fond de teint noir, le second avait eu la riche idée de porter la tunique blanche du Ku Klux Klan. Se confondant en excuses, les deux hauts fonctionnaires virginiens ont refusé de démissionner. Face aux associations noires criant haro sur le baudet, l’adepte du « blackface » crie son admiration pour Michael Jackson, tandis que l’amateur de chapeau pointu parle d’erreur d’appréciation. Pas de quoi rassurer les ténors du Parti démocrate, aujourd’hui majoritaire au Congrès où il se pose en champion du métissage post-obama. Pendant ce temps, en Alabama, un quotidien local appelle les « Klansmen » à engager « une chevauchée et à nettoyer Washington » de ses élites démocrates « socialo-communistes » accusées de bloquer le pays. Ironie de l’histoire, le journal en question s’appelle le… Democrat Reporter. •