Fromage, entends-tu ?

Les Suisses n’ont pas uniquement inventé le « coucouclock ». Ils viennent de révéler au monde que l’emmental est sensible à la musique. Après des mois d’expériences, la Haute école des Arts de Berne est formelle : ce fromage possède une ouïe si développée qu’il peut modifier sa saveur selon le répertoire qu’il écoute durant son affinage. Pour arriver à cette conclusion, les chercheurs helvètes ont asséné aux petites meules de lait cru coulées dans des boîtes en bois du rock, de la techno, du rap et même du Mozart. Six mois de diffusion continue qui en auraient fait craquer plus d’un à Guantanamo. Mais dans la paisible commune de Berthoud, les pâtes cuites se sont montrées particulièrement réceptives à ce régime musical. Ainsi, « le groupe qui a écouté du hiphop et de la fréquence basse était vraiment sur des notes beaucoup plus douces, beaucoup plus florales » que celui soumis à La Flûte enchantée, estime Benjamin Luzuy, chef cuisinier membre du jury d’experts qui a validé cette découverte. Le lait de vache serait donc plus sensible au gros son qu’aux savantes harmonies. De quoi ravir l’affineur Beate Wampfler, propriétaire de ces fromages, qui y voit déjà un argument commercial pour séduire la jeune clientèle. Mais toute bonne chose ayant son revers, mettons en garde notre chroniqueur gastronomique : avec de telles nouvelles, notre Ouvreuse de dernière page pourrait bientôt lui piquer sa rubrique. •