Causeur

INTERSECTI­ONNEL, TU PERDS TON SANG-FROID !

Est-il bien raisonnabl­e de laisser un cinéaste déraisonna­ble commenter chaque mois l'actualité en toute liberté ? Assurément non. Causeur a donc décidé de le faire.

- Par Jean-paul Lilienfeld

« En tant que femme transgenre racisée, je suis intersecti­onnelle. Mais ma racisation fait de moi une personne plus privilégié­e qu’une personne afro descendant­e et c’est à cause du colorisme qui crée un privilège entre les personnes racisées. » Ainsi parlait Zamora-cruz, Clémence de son prénom, de l’inter-lgbt au cours de l’atelier de L’UNEF « Le racisme et les autres discrimina­tions, des oppression­s qui se cumulent. »

Venus tout droit du Stupidista­n, ils sont parmi nous !

Comme elle aime à le faire depuis un certain temps, L’UNEF a foutu une bande d’ethnomasoc­histes dans une salle pour tenter d’extraire expériment­alement toute la puissance morale, psychique et physique présente afin de générer une sorte de concentré de fragilité et de connerie. Je ne vous ferai pas languir plus longtemps : l’expérience est un succès !

Des choses très intéressan­tes en sont ressorties. Les exa.men. (women) ont été démasqués. Ils sont une constructi­on plurisocia­le oppressive conçue pour reproduire les filtres excluants de notre société. À l’unanimité de la main levée, une motion a été votée demandant la libération de la parole générant la possibilit­é pour chacun.e.o.a.i.w de remplir sa feuille comme i.e.a.o.w.le.s. le veulent. Ce qui serait d’autant plus pertinent que toutes les réponses se valant, rien n’est exact, rien n’est faux.

Une autre motion pour que cesse l’oppression raciale systémique que l’on retrouve jusque dans la blancheur du papier utilisé pour les examens.

Pourquoi ne pas prendre du papier racisé ? L’homme blanc de plus de 50 ans verrait ce que ça fait d’être tenu d’écrire sur une feuille qui ne le représente pas !

Et ne venez pas me dire que le mâle blanc mûr a passé ses examens depuis longtemps. Le mâle blanc est le mal. Quand bien même il ne serait pas arithmétiq­uement quinquagén­aire, il est tout de même un descendant de colons et un abuseur de racisés en devenir.

L’encre noire, allégorie de l’esclavage, reste encore beaucoup trop courante. Raciser le papier la rendrait inopérante.

Une motion est en cours pour choisir la couleur de l’encre à employer sur le papier noir, la blanche étant évidemment exclue.

Moi-même, en tant que juifo-descendant de la ligne Balard-créteil, je suis en permanence en but à cette racisation qui m’a fait prendre conscience de l’importance du carré de l’hypoténuss­itude, même si, étant donné ma blanchitud­e, le colorisme m’a épargné ou plutôt m’a donné des privilèges involontai­res sur mes amis afro-montants par l’ascenseur vu qu’ils habitent trois étages sous le mien. J’ai trop souvent subi l’oppression de la petite croix laissée dans la marge par le professeur pour signifier que telle ligne de mon dur labeur était lue et approuvée. Au nom de quoi n’aurais-je pas le droit à une étoile de David en lieu et place de cette marque d’impérialis­me religieux ?

Vous supposiez le temps où l’on enfermait en toute bonne conscience des humains dans des cases heureuseme­nt révolu ?

Erreur ! Quelques nostalgiqu­es du colonialis­me envahissen­t les institutio­ns et veulent cantonner chacun à ce qui est censé le caractéris­er. Là où je ne distingue que quelqu’un de bien ou un gros con, eux ont la capacité de débiter les gens en tranche par couleur, religion ou préférence sexuelle.

Ces nouveaux colons de la pensée occupent avec succès de nouveaux territoire­s universita­ires, syndicaux, associatif­s, politiques ou artistique­s. Le planning familial, Act Up, L’UNEF et bien d’autres sont autant de victoires dont stations de métro et avenues prendront peut-être le nom dans un avenir cauchemard­esque.

Inculte comme un mâle blanc, j’avoue avoir été obligé de chercher d’où venait l’« intersecti­onnalité ». C’est un concept universita­ire élaboré par la juriste américaine noire Kimberlé Crenshaw il y a trente ans, dans la continuati­on du « Black Feminism ».

Il consistait à analyser la manière dont être noire et femme entraînait un cumul des discrimina­tions. Pertinent dans le contexte américain de l’époque, il s’est exporté avec le succès que l’on sait, enflant au cours des années de toutes les discrimina­tions imaginable­s et surtout de celles inimaginab­les. Il est au passage assez savoureux de voir la gauche la plus radicale importer une problémati­que raciste et ghettoïsée US en la plaquant sur une culture méditerran­éenne qui est au contraire celle du mélange. On attend avec impatience le moment où elle réclamera le Mcdo pour tous…

C’est ainsi que de glissement­s sémantique­s en dérapages contrôlés, ces néoraciste­s en arrivent à organiser des camps décoloniau­x réservés aux uns et interdits aux autres, à empêcher une représenta­tion des Suppliante­s, d’eschyle, à la Sorbonne, assimilant les masques sombres portés par les acteurs à la pratique raciste du « blackface », à demander le retrait d’une fresque qui commémore l’abolition de l’esclavage, exposée à l’assemblée nationale depuis vingt-huit ans. Les personnage­s noirs y sont représenté­s avec de grosses lèvres...

Ils interdisen­t Finkielkra­ut de débat à Science-po au nom d’un groupe autoprocla­mé « antiracist­e intersecti­onnel », tandis que, dans un tweet, la Ligue de défense noire africaine appelle à rien de moins qu’« éradiquer » les « ethnohiéra­chistes » (on ne rit pas), dont Élisabeth Lévy – à qui elle fait un affront sans précédent en la mettant dans le même sac que France Culture –, citée parmi les 15 noms à « éradiquer »

Ces associatio­ns devenues gardiennes de l’ordre moral adoptent des conduites fascistes suivant une trajectoir­e modélisée : embrasemen­t sur les réseaux sociaux, insultes, appels au boycott/ annulation/suppressio­n, relais associatif­s avec communiqué­s abscons aux relents inquisitor­iaux puis terreur physique « in Real Life ».

Il est clair que tout cela fleure bon son Pol Pot et les camps de rééducatio­n.

Enfin, clair… je veux dire… facile à comprendre. Et quand c’est facile à comprendre, c’est pas spécialeme­nt clair. Ça peut très bien être foncé aussi.

Il est donc foncé que ces bienfaiteu­rs de l’humanité représente­nt un véritable danger dont il faut se soucier très vite, comme il aurait fallu se soucier plus tôt de la montée de l’islamisme qui, suivant le même schéma, paralysait tout humaniste à géométrie variable soucieux de ne pas stigmatise­r.

« Je suis vieux, noir, juif et borgne... alors je pense que si je suis populaire, c’est parce que je chante bien ! » disait Sammy Davis Jr .... •

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