Causeur

Xi est maître chez soi

- Par Hadrien Desuin

Au ban des nations depuis l’assassinat commandité de Jamal Khashoggi en octobre dernier, le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane bénéficie néanmoins de l’appui de la Chine. Peu regardant sur les droits de l’homme en général et la liberté de la presse en particulie­r, Pékin s’était bien gardé de commenter la disparitio­n du journalist­e au consulat saoudien d’istanbul. Reçu l’hiver dernier en visite officielle par le président Xi Jinping, Ben Salmane a renvoyé l’ascenseur au dictateur chinois en bénissant la sinisation forcée des population­s musulmanes et Ouïghours turcophone­s du Xinjiang. « La Chine a le droit de prendre des mesures antiterror­istes et anti-extrémiste­s pour préserver la sécurité nationale », a expliqué le gardien des lieux saints à la télévision chinoise avant de proclamer : « L’arabie saoudite souhaite renforcer la coopératio­n avec la Chine. » En réaction, le Congrès mondial des Ouïghours, basé en Allemagne, a aussitôt déploré l’indifféren­ce de Riyad aux « violations flagrantes des droits humains par la Chine ». Et pour cause : Pékin contraint certains opposants ouïghours à boire de l’alcool et à manger du porc pour le Nouvel An, fait hisser le drapeau rouge sur les mosquées et inflige aux barbus de lourdes humiliatio­ns publiques. « La politique d’assimilati­on systématiq­ue des autorités chinoises à l’égard des Turcs ouïghours est une honte pour l’humanité », a protesté la Turquie par voie de communiqué. La Grande-bretagne n’est pas en reste. Miqdaad Versi, porte-parole du Conseil musulman britanniqu­e, a déclaré trouver « dégoûtants » les propos de Ben Salmane. Une marque d’irrévérenc­e qui lui vaudrait sans doute quelques coups de fouet à Riyad. •

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