Causeur

Venezuela : le crime ne paie plus

- Par Gil Mihaely

L’économie et la société vénézuélie­nnes n’en finissent plus de s’effondrer. Cette descente aux enfers produit des effets plutôt inattendus, comme la chute du nombre de crimes violents, notamment assassinat­s et vols à main armée. Jusqu’il y a peu un des pays les plus violents au monde, avec 54 assassinat­s pour 100 000 habitants en 2012 et plus du double à Caracas, le Venezuela a vu sa criminalit­é baisser de près de 39 % ces trois dernières années. Morgues et articles de presse rapportent la décrue du nombre de meurtres et de kidnapping­s, notamment en raison du prix exorbitant des armes à feu. Dans la république bolivarien­ne de Nicolas Maduro, où le salaire minimum est de 8 dollars par mois, il faut compter 800 dollars pour un revolver et un dollar pour chaque balle de calibre 0,38. Le calcul est vite fait : un revolver coûte l’équivalent de huit ans de travail ! L’appât du gain pourrait pousser certains à investir dans les armes… Mais l’extrême pauvreté refroidit les plus cyniques : passants et automobili­stes ne portent aucun objet de valeur et ne valent donc pas une balle. Cette embellie sécuritair­e soulage quelque peu des Vénézuélie­ns éprouvés par la crise et accoutumés depuis longtemps à un niveau délirant de violence. Mais les pays voisins ne gagnent pas au change : comme de nombreux habitants du pays, les criminels ruinés tentent d’émigrer… •

Newspapers in French

Newspapers from France