Big is beautiful ?
En matière de politique métropolitaine, deux grandes écoles s’affrontent. Menés par le géographe Gérard-françois Dumont, d’aucuns estiment que ce n’est pas la taille qui compte. « L’idéologie de la métropolisation s’appuie sur une lecture dépassée de la mondialisation telle qu’elle s’est développée dans les années 1990. » Or, « tout territoire peut trouver sa place dans la mondialisation » en innovant, y compris des bourgs comme Espelette ou Saint-gillescroix-de-vie, où siège le leader mondial de la navigation de plaisance Bénéteau. Pire, la politique des grands ensembles institutionnels nuit parfois à l’efficacité administrative : « Une décision qui prenait trois mois en Auvergne requiert maintenant neuf mois dans la grande région Auvergne-rhône-alpes », déplore Dumont. Le député (LR) du Vaucluse Julien Aubert partage cette critique, convaincu qu’« au nom de la décentralisation, on a créé des mini-paris un peu partout » en éloignant les décisions des citoyens. Pour l’heure, on ignore toujours si le président de la métropole sera élu au suffrage universel direct, ce qui affaiblirait du même coup la légitimité des maires…
Dans l’autre camp, l’astrophysicien proche du PS Jacques Boulesteix parie sur des métropoles qui facilitent les échanges. Intellectuel à l’esprit aiguisé, Boulesteix entend dépasser « la démocratie un peu croupion, verrouillée par la proximité communale ou associative » au profit d’une « démocratie-usage » structurée par de grands projets d’avenir. Quels transports et services publics veulent les citoyens pour leurs enfants qui n’habiteront pas forcément la même commune qu’eux ? À l’échelle mondiale, ce n’est pas tant le « Big is beautiful » des grands Länder allemands qui comptent mais « un noeud intermétropolitain » coordonné entre les grands ports du sud de l’europe en fonction des spécialités de chacun : les usines automobiles à Valence, les hélicoptères à Marseille, les chantiers navals à Gênes. La mondialisation heureuse a du pain sur la planche. •