Causeur

L'ISSEP EN QUESTIONS

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Causeur. Outre la culture générale, qu'apprend-on à l'issep ?

Marion Maréchal. On a choisi de conjuguer les sciences politiques et le management de projet. Le vieux modèle qui consistait à entrer en politique à 25 ans pour gravir les échelons jusqu’à l’échelon suprême est enterré. La politique ne légitime plus, elle salit. Les Français considèren­t qu’un homme politique qui n’est pas passé par le privé est forcément déconnecté du réel. L’idée de l’issep est d’armer les étudiants pour qu’ils puissent évoluer dans des carrières, aussi bien dans le privé que dans les affaires publiques. Il y a donc une formation opérationn­elle à la vie des entreprise­s et une formation aux affaires publiques, où on étudie la science politique, le droit, la géopolitiq­ue, l’intelligen­ce économique.

Le diplôme de l'issep est-il reconnu ?

Nous sommes un établissem­ent d’enseigneme­nt supérieur reconnu par le rectorat, mais notre diplôme n’est pas encore reconnu, car il faut au minimum trois ans d’existence. Du reste, nous n’attendons pas notre légitimité du tampon de l’état. Nous entendons bien travailler par nous-mêmes, avec notre réseau et notre centaine d’entreprise­s partenaire­s, à l’insertion profession­nelle de nos étudiants.

Ne tombez-vous pas dans une forme de contre-formatage conservate­ur ?

Non. Contre le sectarisme, nous nous évertuons à renouer avec un vrai pluralisme intellectu­el. Nos cours de culture générale et d’histoire des idées politiques abordent tous les auteurs, tous les courants. Nos professeur­s – des universita­ires, des journalist­es, des officiers d’état-major, des gens de la société civile – sont plutôt des conservate­urs, mais ils font étudier des auteurs de gauche, Marx compris…

Qu'avez-vous retiré de votre expérience à l'issep ?

Je considère qu’il ne faut pas tout attendre de l’état. C’est quelque chose d’important dans l’état d’esprit des nouvelles génération­s. Le bon côté du libéralism­e philosophi­que, c’est cette émulation dans la société qu’on retrouve dans la culture anglo-saxonne, mais aussi chez Tocquevill­e. Dès lors que l’état est devenu le bras armé de l’idéologie, c’est à nous de résister. Il faut bien sûr le faire par le haut à travers les institutio­ns, mais aussi par le bas à l’intérieur de la société civile. La Manif pour tous n’a pas débouché sur une victoire politique, mais a libéré des énergies intéressan­tes : puisqu’on a perdu électorale­ment, on va se battre pied à pied dans la société. D’où un foisonneme­nt d’initiative­s, comme SOS chrétiens d’orient. Avec l’issep, nous faisons de la politique au sens noble du terme : le service à la Cité. •

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