Mon gri-gri, c'est la finance
De grands prophètes nous avaient prévenus : le xxie siècle serait celui de la religion triomphante. Elle rejaillit par tous les pores de la société. Pour les hommes politiques et les médias, il n’y a plus de Maghrébins ou de « potes » dans l’hexagone, mais seulement des « musulmans ». Les chrétiens se sont retrouvés et nous ont offert de surprenantes « pride » décomplexées pour tous. Dans ce contexte de haute religiosité, un nouveau phénomène monte malgré le silence des médias : l’organisation de « rituels de désenvoûtement de la finance ». L’une de ces cérémonies s’est tenue fin août dans le cadre du Festival international du théâtre de rue d’aurillac, haut-lieu réputé de la finance que les Auvergnats surnomment « la City ». Les grands prêtres nous préviennent : « Les rituels de désenvoûtement de la finance se déploient sous la forme d’une occupation temporaire de l’espace public. S’y opèrent de nouveaux rites collectifs oeuvrant à la transformation de notre système économique. » Le public de ces bacchanales d’un nouvel âge est appelé à couper le lien symbolique avec la finance. Le collectif qui promeut ces nouveaux rites cherche notamment à briser le « pouvoir sorcier » de l’argent-roi sur l’agriculture. Et ses adeptes de préciser que « les rituels de désenvoûtement de la finance se situent sur un point d’équilibre entre le rituel magique, la performance théâtrale et l’action politique ». En attendant le Grand Soir, les marabouts altermondialistes, les devins marxistes et les écologistes pratiquant le rite de sainte Greta s’agitent dans une grande gigue rédemptrice et expiatoire. On attend maintenant de grandes guerres de religion. •