ATER : Cent vingt ans de sollicitude
Où a été créée la première agence publique italienne de l’habitat ? En Autrichehongrie ! Cette blague aurait pu naître à Trieste où la monarchie des Habsbourg a fondé en 1902 l’institut communal pour les habitations minimales (ICAM). En un siècle d’industrialisation et d’urbanisation, la population triestine passe de 57 000 à 220 000 habitants. Le port franc entasse les anciens paysans devenus ouvriers dans des habitats insalubres de la vieille ville où maladies et grogne sociale se développent jusqu’à provoquer la première grève de l’empire. Par un mélange de prophylaxie, d’hygiénisme et de paternalisme social, les grands employeurs privés, comme l’armateur Lloyd ou les grandes compagnies d’assurance, construisent des logements pour les employés. Mais l’état, autrichien jusqu’en 1919 puis italien, prend les choses en main. Sous le fascisme, ATER se met au service du dessein mussolinien de construction d’une classe moyenne accédant à la propriété. Aujourd’hui, l’agence dépend administrativement de la région Frioul-vénétie Julienne (gouvernée par la Lega), dont elle applique les directives. L’un de ses derniers réquisits ? Résider depuis cinq ans en continu sur le territoire régional pour pouvoir briguer un logement social. •