La santé, c'est leur travail !
Les topolini, ces trottoirs du bord de mer qui cachent sur les pavés la plage, ne sont pas la seule spécialité triestine. Dans les années 1970, le psychiatre Franco Basaglia y a mené une révolution sociale qui aboutira au vote de la loi 180 (1978) prévoyant la fermeture de tous les asiles italiens. Après une première expérience à Gorizia, Basaglia a dirigé l’hôpital psychiatrique triestin San Giovanni en inversant la thérapie traditionnelle : faire sortir les malades dans la ville pour les soigner au contact de l’extérieur. Vingt ans après, cette médecine communautaire a inspiré le projet « Habitat microaree » que l’agence de santé a mis en place avec ATER et la municipalité de Trieste dans 16 points de la ville. Ignorée de la plupart des 200 000 habitants, l’expérience pilote concerne 18 000 personnes en état de difficulté sanitaire et sociale. Comme le montre le documentaire La Cittàche che Cura (2019), médecins, infirmiers et travailleurs des coopératives offrent un suivi individuel, des réunions d’échange et une dose de sociabilité aux malades, notamment toxicomanes, alcooliques ou déficients mentaux. À Rozzol Melara, l’infirmière Lorella Postiferi anime une équipe d’une dizaine de personnes pour notamment prodiguer « une aide et des services presque à la demande » aux « gens vraiment pauvres qui n’ont pas de familles et ne demandent rien ».