Les Philosophes : absurde, trop absurde
Népomucène Bouvillon, Gauburge Corbillon, Bernard-henri Lentourloupe et Mélanie Broutard ne sont pas des personnages de Groland, mais ceux du dernier roman de Michel Desgranges. Les Philosophes forme le deuxième volet du diptyque ouvert par Une femme d’état, savoureuse fiction autour de la politique. Dans ce roman à thèse, Desgranges s’attaque à un autre univers impitoyable : l’université. Quitte à sortir la grosse artillerie, moquant tantôt les inepties intersectionnelles, tantôt l’hermétisme des Pangloss postmodernes. Sa cible numéro un : l’ontologie, discipline où barbotent les disciples d’heidegger pour nous asséner que l’être est. Contre cette tautologie asphyxiante, Desgranges construit son récit autour d’une obsession : l’incapacité à se frotter au réel. Mais à l’exception des héroïnes féminines, à la psyché plus complexe, les personnages frisent un peu trop la caricature. À croire que leur culte de l’abstraction a contaminé leur inventeur. Malgré ces outrances, il y a quelque chose de jouissif à écarter les cuistres. •