La Petite Jéricho
Au fond de la vieille ville, un totem rappelle le passé juif de Lunel. Au xiie siècle, une partie des juifs du sud de l’andalousie se réfugie en Languedoc pour fuir les persécutions des Almohades. Montpellier devient alors « une ville de riches commerçants juifs, de médecins et de traducteurs, passeurs de la science grecque et de la médecine arabe » et Lunel « un foyer mystique et exégétique », résume Michaël Iancu, directeur de l’institut maïmonide de Montpellier. À Lunel, surnommée « la Petite Jéricho », Samuel ibn Tibbon traduit de l’arabe le Guide des égarés de Maïmonide. Les juifs andalous tentent de concilier foi et raison, non sans frictions avec leurs coreligionnaires traditionalistes. À son heure de gloire, la communauté hébraïque atteint 10 % de la population de Montpellier et jusqu’à 20 % de celle de Lunel. Non contents de leur interdire la propriété et le travail de la terre, vignoble casher excepté, les rois de France expulsent et spolient les juifs plusieurs fois entre 1306 et 1394. Il faudra attendre l’émancipation de 1789 pour retrouver une présence juive à Lunel. De nos jours, la ville en quête de touristes rêverait d’attirer des rabbins newyorkais en goguette. Et maintenant Rabbi Jacob, il va passer !