PAYSAGES, ARRÊTEZ LE MASSACRE ! France, qu'a-t-on fait de ta beauté ?
Sols bétonnés, entrées de ville envahies d’enseignes criardes, zones commerciales sans âme : la France s’enlaidit. Or, comme Alain Finkielkraut le note dans son plaidoyer pour une « écologie poétique » (Le Figaro), notre époque terrorisée par l’urgence climatique « délaisse l’amour des paysages pour les problèmes de l’environnement » au risque de négliger « la beauté du monde quand la planète est en péril ». Dans nos colonnes, Alexandre Gady tente de réconcilier ces deux impératifs aujourd’hui disjoints que sont la santé et la beauté. Car « nous sommes certes des animaux, avec des besoins primaires, mais aussi, et avant tout, des êtres doués de sensibilité, ayant une capacité à faire silence ou à pleurer devant la douce beauté d’un paysage » à préserver et transmettre. Dans cet esprit, Renaud Camus célèbre la sobriété du « paysage, qui n’est jamais autant lui-même que malaxé d’absence, habité d ’inintervention, pétri de vide – tous biens gravement menacés par le sinistre aménagement ». Remis au goût du jour par une écologie technicien ne insensible à l’ esthétique, cet interventionnisme tous azimuts prétend agir au nom même de la nature qu’il saccage. D’où le grand paradoxe que dénonce Bérénice Levet : « Ce sont les écologistes qui continuent de se comporter en “maîtres et possesseurs de la nature”. »
Dans ce processus délétère, les éoliennes jouent un rôle central : sous prétexte de développer les énergies renouvelables, ces immenses pylônes de métal défigurent nos campagnes et déchiquettent les oiseaux. Conscient qu’une grande majorité de Français y est opposée, le président de la République a semblé entendre la vox populi en déclarant le 14 janvier à Pau : « Le consensus sur l’éolien est nettement en train de s’affaiblir dans notre pays. […] De plus en plus de gens […], qui considèrent que leur paysage est dégradé, ne veulent plus voir de l’éolien près de chez eux. Il ne faut pas l’imposer d’en haut. »
Le prenant au mot, Alain Finkielkraut, Bérénice Levet, Jean Clair, Stéphane Bern, Jean-pierre Le Goff, Benoît Duteurtre et quelques autres têtes bien faites signent dans Causeur un appel au président de la République pour que cesse l’invasion de ces monstres d’acier. Trop souvent considérée comme un combat d’arrière-garde, la défense de la belle France devrait unir conservateurs et progressistes inquiets de savoir quel pays ils laisseront à leurs enfants. •