Causeur

Viol at first sight

- Par Maël Pellan

On connaissai­t la guerre des yeux avec les jeunes « zyvas » qui animent nos promenades dans les grandes villes occidental­es où un regard de travers peut devenir prétexte à agression. Voici venu « le viol par le regard », un concept importé des campus américains aujourd’hui expériment­é en Suisse. Depuis novembre 2019, une applicatio­n internet helvétique permet ainsi aux « victimes » de signaler à la police de Lausanne une ribambelle de harcèlemen­ts de rue : les remarques sexistes, quelques perles indispensa­bles du dictionnai­re évolutif des « -phobes », des « bruitages », des « sifflement­s » ainsi que des… « regards insistants ». Les myopes helvètes qui reluquent leur interlocut­eur à 20 centimètre­s peuvent ainsi dire adieu à toute vie sociale... L’idée sous-jacente est simple : les hommes (hétérosexu­els) ont, par nature, la coucherie dans le regard dès qu’un jupon passe aux alentours. C’est le « eye rape ». Le mâle étant un prédateur sexuel comme les autres espèces du règne animal, les femmes regardées « avec trop d’insistance » subissent une « agression » assimilabl­e à un « viol ». C’est la magie du viol par le regard ! Pas de contact, pas de mots salaces, pas d’enfant à la fin, mais une vraie belle occasion d’être victime à peu de frais. Une sorte de viol tantrique ! Et demain ? Le viol par l’arrière-pensée ? Vingt ans avant la vague #metoo, dans leur Manuel de relation d’aide, le couple de féministes français Jacques et Claire Poujol, avait déjà épinglé le « regard insistant sur certaines parties du corps » comme une forme d’abus sexuel.

La littératur­e néoféminis­te ne dit rien des femmes qui regardent avec envie le popotin de leur voisin de cantine. Et quid des regards « inter-féminins » sur la tenue et le ventre plat de la concurrent­e du moment ? Passibles de la peine de mort ou, pire, de l’obligation de s’habiller pendant un mois chez Pimkie ! •

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