Causeur

Crise et châtiment

- Par Martin Pimentel

On croit que confinemen­t rime forcément avec télétravai­l. Mais tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. L’IFOP classe les actifs en trois groupes distincts de taille équivalent­e. Un tiers de « premiers de corvée » continue de travailler sur son lieu de travail au risque de contracter le virus. Ce sont logiquemen­t les personnels des hôpitaux, les livreurs et caissières de supermarch­és. Bref, tous les employés dont le travail ne peut s’effectuer à la maison. Un deuxième tiers agglomère ceux qui ont pris des congés, sont malades ou au chômage partiel, en pleine explosion (plus de 11 millions de salariés). Enfin, un petit dernier regroupe les actifs travaillan­t depuis leur lieu de confinemen­t. Les premiers de cordée macroniste­s ont toutes les chances d’y être surreprése­ntés.

Après ce Big Bang, le monde du travail est si bouleversé que des penseurs de gauche radicale en profitent pour vendre leur marchandis­e antimarcha­nde. La professeur­e de sociologie à Dauphine et chroniqueu­se au Monde (à moins que ce soit l’inverse…), Dominique Méda, confie ainsi ses réflexions à qui veut bien l’écouter. Premier scoop : la crise sanitaire a mis à l’honneur des profession­s mal payées et pourtant essentiell­es dans le public – infirmière­s, anesthésis­tes, réanimatri­ces. Au point que l’échelle de reconnaiss­ance des métiers s’inverse : payons davantage les pauvres ! Enfin, pas tous, car certains semblent plus égaux que d’autres… Fi des livreurs et des éboueurs, Méda oint surtout le personnel soignant féminin pour mieux en déduire que les femmes sont en première ligne. À l’image de toute une gauche savante qui se réjouit de la catastroph­e, la penseuse s’en prend au « fétichisme du PIB », à la « division internatio­nale du travail », ainsi qu’à notre vil « intérêt exclusif pour la croissance » comme autant de causes du châtiment divin. La décroissan­ce, qu’annonce et préfigure le confinemen­t, sauvera le monde. Cela faisait des années que la prophétess­e Méda vaticinait dans l’indifféren­ce générale. Vive la crise ! •

 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from France