Au rythme de la loco
Bien avant l’énervant Bernard Werber, le graphiste de génie Saul Bass s’était penché, le temps d’une seule et unique réalisation cinématographique, sur le potentiel horrifique des fourmis. Phase IV a les allures d’une série B sans vedettes ni effets spéciaux et spécieux, parfois mal fagotée et qui dans ses pires moments tourne au documentaire animalier, mais finit toujours par retomber sur ses pattes et nous emporter avec lui. Bass, qui
La Roue, d'abel Gance (1923) Édité par Pathé
Quoi de neuf au pays du cinéma chez soi ? Abel Gance, encore et toujours ! Le fou génial d’un cinéma muet qui n’hésitait devant rien : un jour une bio de Napoléon sur trois grands écrans, mais avant cela un somptueux mélo de plus de quatre heures. Ce film, c’est La Roue, à propos duquel Cocteau déclara : « Il y a le cinéma d’avant et d’après La Roue, comme il y a la peinture d’avant et d’après Picasso. » La Roue dont le budget pharaonique équivaut à la production de 15 films de l’époque et qui multiplie les morceaux de bravoure : locomotive en folie et déraillement apocalyptique. Le tout oscillant entre Zola et la tragédie grecque, entre le trop-plein ferroviaire et l’éblouissement cinématographique à l’état pur. Assisté de Blaise
Cendrars à la réalisation, Gance fit également appel à Honegger pour la musique. Ce temps-là du cinéma est désormais révolu. Ce coffret « collector » est à la hauteur de ce temps perdu, avec ses versions restaurées en DVD et en Blu-ray, ses bonus pléthoriques et, cerise sur le chef-d’oeuvre, un livret entier. •