L’e-lettre n’imprime pas
Exit le timbre rouge. La décision de La Poste de mettre fin en 2023 à ce totem datant de 1849 qui permettait d’envoyer une lettre prioritaire à J + 1 n’est pas du goût de tous. D’autant que le précieux rectangle dentelé a été remplacé par une version dématérialisée proche d’une usine à gaz pour le commun des mortels. Baptisée
« e-lettre rouge » par l’entreprise, mais « e-mail payant » par ses détracteurs, le nouveau service propose de rédiger de chez soi un courrier en ligne ou de l’importer depuis son ordinateur puis de l’envoyer, avant 20 heures, sur le site laposte.fr. Le document, facturé 1,49 euro à régler par carte bancaire – il faut ajouter 50 centimes supplémentaires pour l’avoir en couleur et 1,80 euro en version recto verso – est ensuite imprimé dans le bureau de poste le plus proche du destinataire, mis sous enveloppe et distribué le lendemain. Plus écologique, le courrier n’aura que quelques kilomètres à parcourir, vante l’entreprise.
Las, outre la question de confidentialité du courrier immédiatement pointée par de nombreux usagers, c’est surtout le manque de solutions pour ceux qui ne possèdent pas d’accès à Internet qui pose problème. « On dit aux clients qu’ils peuvent venir sur place pour scanner leur courrier ou se faire aider par un postier, mais je n’ai aucun outil pour le faire ! » se lamente le responsable du guichet d’un bureau de poste parisien. En désespoir de cause, l’agent propose même d’envoyer le courrier avec un simple timbre vert, dont le délai de distribution est passé de deux à trois jours… Il y a un an, face aux sénateurs, le PDG de La Poste, Philippe Wahl, a reconnu que la solution trouvée était « complexe », tout en soulignant que l’usage du timbre rouge avait été divisé par 14 en quinze ans. « Aujourd’hui,
5 500 e-lettres sont envoyées par jour. Si on monte à 6 000, on conservera le service, en deçà, on arrêtera », a-t-il lâché.