Spotify se fait entendre contre la taxe streaming
La colère de Spotify ne retombe pas.
La plateforme suédoise de musique n’a pas digéré l’instauration de la taxe streaming. « La start-up nation est devenue la taxe-up nation », déplore Antoine Monin, directeur général de Spotify France. En vigueur depuis le 1er janvier, cette contribution doit aider à financer le Centre national de la musique. Elle devrait coûter plus de 7 millions d’euros en 2024 au leader du secteur, soit 1,2% de son chiffre d’affaires. Un coût difficile à assumer selon l’entreprise, qui souhaite le répercuter sur le prix de ses abonnements en France. Interrogé sur le montant de cette hausse, Antoine Monin ne se prononce pas : « Nous allons rester à Paris, mais devrons rentrer dans nos frais. »
Malgré sa première place dans le streaming musical, Spotify n’est toujours pas rentable. En janvier, la plateforme a lancé un plan de restructuration. D’après nos informations, cinq à six salariés seraient sur le départ dans ses bureaux à Paris, où son budget a été réduit de 30 % en 2024. L’idée de devoir payer une nouvelle contribution assombrit encore ses finances. « Les pouvoirs publics viennent taxer un secteur avec une croissance amoindrie »,
se lamente son directeur général. Le marché du streaming français, dont le chiffre d’affaires s’élève à 1 milliard d’euros, reste en retard par rapport à son homologue allemand, souligne le Syndicat national de l’édition phonographique dans sa dernière étude publiée le 12 mars.
« Au lieu d’encourager l’usage du streaming, on pénalise tout un secteur »,
poursuit Antoine Monin, qui rappelle que « Spotify contribue déjà aux finances publiques » via la taxe sur les services numériques et la TVA à 20 % sur ses abonnements. Mezza voce, Deezer, son concurrent français, où les embauches ont été gelées, reprend la même rengaine. « Cette taxe n’est pas la bienvenue », ajoute Ludovic Pouilly, son vice-président en charge des relations publiques. Les deux leaders craignent surtout qu’une telle fiscalité ne fasse le jeu des géants américains Apple, YouTube et Amazon.