Un premier pas vers la souveraineté sanitaire
A60 kilomètres de Dakar, tout près de l’aéroport international BlaiseDiagne, la ville nouvelle de Diamniadio promet d’être un pôle économique important. Elle héberge déjà plusieurs ministères, ainsi qu’une centaine d’entreprises. Et c’est là que les fondations de l’industrie pharmaceutique sénégalaise deviennent une réalité. Au bout d’un chemin de terre rouge, deux grands bâtiments industriels se laissent découvrir. Le premier, quasiment achevé, abrite le projet AfricAmaril : une unité de fabrication de vaccins contre la fièvre jaune, maladie endémique sur le continent africain. Les premières doses devraient pouvoir en sortir d’ici à fin 2024. Le second, un peu moins avancé, hébergera le projet Madiba : une unité de fabrication de vaccins à ARN messager, grâce à un transfert de technologie de la biotech belge Quantoom Biosciences. L’usine pharmaceutique, à l’initiative de l’Institut Pasteur de Dakar, est une première en Afrique : jusqu’à présent, seulement 1% des vaccins consommés sont fabriqués sur le continent. Son coût : 220 millions de dollars, dont le financement a été réparti entre l’Etat du Sénégal et différents bailleurs, dont la Banque européenne d’investissement (BEI), l’Agence française de développement, la Banque africaine de développement ou encore la Fondation Bill et Melinda Gates. « Au départ, nous devions utiliser l’ARN pour fabriquer des vaccins contre le Covid-19, rapporte Amadou Alpha Sall, directeur général de l’Institut Pasteur de Dakar. Le Covid n’étant déjà plus d’actualité, la technologie devrait désormais permettre de développer des vaccins pour des maladies typiquement africaines qui n’intéressent pas les grands groupes pharmaceutiques, en priorité contre la fièvre de la vallée du Rift », indique le docteur Sall. Un virus largement présent en Afrique et au Moyen-Orient, et qui pourrait muter dans les prochaines années face au réchauffement climatique. Et d’ajouter : « L’ARN peut nous permettre un saut technologique important sur d’autres types de maladies. » Avec son nouveau site de Diamniadio, l’Institut Pasteur de Dakar se réjouit de pouvoir contribuer à la « souveraineté sanitaire » de l’Afrique. Pour ne plus avoir à connaître de situation similaire à celle de la pandémie de Covid-19, où les pays du Nord avaient accaparé toutes les doses. L’institution souhaite aussi aller plus loin. « Notre objectif : arriver à créer un vaccinopôle, pouvant réunir un ensemble d’activités, de la recherche à la production de vaccins », conclut le docteur Sall, ayant à coeur d’en faire une vitrine des capacités africaines de développement.•