Vents porteurs pour le français Mistral
Les modèles de pointe de la start-up viennent renforcer Azure de Microsoft.
Nous avons un accord avec Mistral pour que ses modèles soient sur Azure, pose fièrement John Montgomery, vice-président de Microsoft en charge de la plateforme Azure AI. Il ne s’agit donc pas seulement de leurs modèles ouverts, mais aussi de leurs modèles propriétaires qui s’exécutent sur Azure afin que nos clients puissent les utiliser. » Annoncé à la fin du mois de février, ce deal semble faire non seulement la fierté des dirigeants du géant informatique mais aussi du petit cercle tricolore de l’intelligence artificielle générative. Fondée il y a un an seulement par trois jeunes ingénieurs français venus de Google et de Meta, la start-up parisienne, tant louée par Emmanuel Macron, évolue déjà parmi les grands du secteur.
Baptisé Mistral Large, son grand modèle de langage proposé sur le cloud Azure est capable d’atteindre « des capacités de raisonnement de très haut niveau », proche de celui de ChatGPT d’OpenAI, selon les fondateurs de Mistral. Ces derniers veulent vendre cette version commerciale à des entreprises et commencer ainsi à monétiser leur modèle, qui maîtrise parfaitement le code, les mathématiques et parle couramment le français, l’anglais, l’allemand, l’espagnol et l’italien. Lors de l’annonce surprise de cet accord, Arthur Mensch, l’un des trois fondateurs, a dit toute sa fierté d’avoir obtenu la « confiance » du groupe de Redmond, ce partenariat constituant selon lui « une avancée majeure pour rendre l’IA de pointe accessible à tous ».
Tout semble donc aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. Mais cette alliance fait grincer quelques dents. Les puristes reprochent aux dirigeants de Mistral, déjà valorisé plus de 2 milliards d’euros, d’avoir vendu son âme au diable en sacrifiant son modèle open source, libre d’accès, pour une offre commerciale. Et déplorent le choix d’un cloud américain plutôt qu’une solution européenne – mais avaient-ils vraiment le choix ? Et les régulateurs des deux côtés de l’Atlantique scrutent un accord qui renforce les positions de Microsoft.
Dès novembre dernier, le commissaire Thierry Breton s’était montré sceptique vis-à-vis de la start-up : « Je l’observe, elle fait du lobbying, c’est normal. Mais nous ne sommes dupes de rien. Les Gafam et Mistral ne défendent pas l’intérêt général. » De quoi doucher les enthousiasmes.