En Chine, Pékin contrôle tout, même l’addiction
Tout semble identique à quelques exceptions près. A commencer par le nom : en Chine, TikTok s’appelle Douyin. Deux applications qui appartiennent pourtant à la même maison mère : ByteDance. Au premier abord, comme TikTok, Douyin a pour fonction de divertir les utilisateurs et affiche le même design. Ce sont pourtant deux applications très différentes. « Douyin est un produit de microlearning éducatif, là où TikTok est dans une logique de divertissement ciblé abrutissant », compare Tariq Krim, entrepreneur du web et fondateur du think thank Cybernetica.
Autre différence de taille : la censure chinoise. Sur Douyin, des comptes qui osent exprimer des avis à l’encontre du gouvernement sont supprimés. « Tout ce qu’on peut trouver sur l’application, c’est ce que le gouvernement chinois a autorisé », précise Isabelle Feng, juriste et spécialiste de l’économie chinoise.
« Les utilisateurs ne trouveront rien sur les Ouïgours ni d’images d’archives de la place Tian’anmen », poursuitelle. Un canal très populaire, aux 600 millions d’utilisateurs, qui permet au gouvernement de faire passer ses messages grâce notamment à des influenceurs et des citoyens relais. Pour limiter les risques d’addiction, le service est inaccessible entre 22 heures et 6 heures. Pour les moins de 14 ans, le temps passé sur l’appli est limité à 40 minutes par jour. Impossible, à la différence de TikTok, de créer un compte en mentant sur son âge. En Chine, « pour s’inscrire sur un site, il faut prouver son identité », relève Isabelle Feng. La chercheuse pointe également la tournure prise par l’application depuis quelques années : une véritable market place version Amazon devenue le coeur de son modèle économique. Et, contrairement à TikTok, Douyin ne pourra jamais être poursuivi aux Etats-Unis ou en Europe, puisque l’application n’est accessible qu’aux Chinois tout comme ces derniers n’ont pas accès à TikTok.